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Les 5 questions à se poser avant l'arrivée de Donald Trump au pouvoir

Donald Trump le 6 mai 2016.

Donald Trump le 6 mai 2016. - Rob Kerr - AFP

Docteur Jekyll ou Mister Trump? Elu en novembre, l'homme d'affaires sera investi ce vendredi 20 janvier à la Maison Blanche comme 45e président des Etats-Unis. Jean-Bernard Cadier, notre correspondant à Washington, revient en cinq questions sur les incertitudes qui demeurent sur la présidence de Donald Trump.

1 - Va-t-il se calmer sur Twitter?

Il fait sourire quand il s'en prend à Meryl Streep ou Arnold Schwarzenegger. Il inquiète quand il s'en prend à la Chine. Donald Trump avait annoncé qu'il se calmerait sur Twitter mais c'est visiblement plus fort que lui. On a remarqué que ses plus grosses bourdes sont tweetées le samedi matin. Quand personne ne le surveille?

Il est peut-être en train d'inventer un nouveau canal génial de communication politique entre un président et son peuple (19 millions d'abonnés). Ou la recette en 140 signes pour des désastres à venir notamment en politique étrangère.

2 - Comment va-t-il gérer les conflits d'intérêt? 

Donald Trump promet qu'il va clarifier les relations entre sa présidence et ses intérêts privés. Le peut-il? Son empire est bâti sur le plus épais des secrets. Personne ne sait même s'il pèse 9 milliards de dollars comme il l'affirme ou seulement 4 comme l'annonce la presse.

Parce qu'il refuse de publier sa déclaration d'impôts et parce que son groupe n'étant pas coté en Bourse n'est pas tenu de publier de bilan. Quels sont ses liens financiers avec des pays étrangers? Légalement (et curieusement) le président n'est pas soumis à la loi sur les conflits d'intérêt. Politiquement ce sera son principal talon d'Achille.

3 - À quoi joue-t-il avec Poutine?

Il flatte Vladimir Poutine qu'il trouve "très intelligent". Il profite habilement des hésitations de Barack Obama et des services de renseignement, qui accusent le Kremlin d'avoir voulu influencer l'élection, mais renoncent à présenter des preuves.

Sa passion pour Poutine est-elle pragmatique, essayons de repartir sur un bon pied? Ou idéologique: Poutine comme le nouvel allié dans la guerre contre l'islam radical aux dépens de décennies d'alliance transatlantique traditionnelle? C'est la ligne défendue par son conseiller stratégique Steven Bannon.

4 - Quelle ligne politique?

Donald Trump n'a jamais eu de conviction politique. Il a senti qu'en 2016 il y avait un coup à jouer en adoptant une ligne anti-establishment et anti-immigration. Il a nommé des ministres très à droite, souvent sans expérience politique mais partie intégrante de l'establishment financier.

Avec des républicains qui contrôlent tous les leviers du pouvoir, il faut s'attendre à un coup de barre à droite sur les questions de société, mais aussi à un conflit intéressant entre les promesses protectionnistes du président et l'inclinaison traditionnellement libérale du Congrès. Son bilan sera jugé, comme toujours, sur l'emploi.

5 - Qui aura le pouvoir ?

Sur le papier, le président américain a moins de pouvoir que le président français et les garde-fous sont nombreux, à commencer par le pouvoir du Congrès, qui tient tous les cordons de la bourse. Mais la période de transition a été gérée comme l'entreprise familiale: Donald Trump est le seul à décider.

Et il n'hésitera pas à entrer en conflit avec le Congrès. Que se passera-t-il si, comme le prévoit Barack Obama, Donald Trump est submergé par l'ampleur de la tâche? Soit il commence à déléguer, soit il s'obstine et là, tout est possible.

Jean-Bernard Cadier