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Amérique du Nord

Le sommet Trump-Kim aura-t-il lieu?

Un montage sur un écran de télévision à Séoul, en Corée du Sud, le 16 mai.

Un montage sur un écran de télévision à Séoul, en Corée du Sud, le 16 mai. - Jung Yeon-je - AFP

La perspective d'une rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un le 12 juin à Singapour s'estompe à mesure que la joute diplomatique reprend entre Washington et Pyongyang.

Le sommet tant annoncé et tant attendu aura-t-il lieu? La question se pose désormais, tant les contours de la rencontre prévue le 12 juin entre Donald Trump et Kim Jong-un à Singapour deviennent chaque jour un peu plus flous. 

Mardi, Donald Trump a lui-même reconnu face à la presse, depuis le Bureau ovale, que le sommet avec son homologue nord-coréen pourrait être reporté. "Il est possible que ça ne marche pas pour le 12 juin", a avoué le président américain. 

Ces déclarations ambigües tranchent avec l'euphorie des jours qui avaient suivi l'annonce de cette rencontre entre le président des Etats-Unis et l'héritier de la dynastie des Kim, une rencontre inimaginable il y a encore quelques mois. Cette détente diplomatique était intervenue après des mois de joute verbale entre Donald Trump et Kim Jong-un, qui avait laissé la relation Corée du Nord-Etats-Unis dans l'impasse. 

Un brusque revers de Pyongyang

Mais alors que les signaux semblaient tous au vert pour le sommet, présenté comme une opportunité historique de paix avec Pyongyang, et qui devait mener à un accord sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, le régime nord-coréen est subitement revenu à sa rhétorique menaçante, le 17 mai. Et ce, alors qu'il avait multiplié les signes d'ouvertures inespérés, en acceptant notamment de détruire son site d'essais nucléaires.

La colère de la Corée du Nord pourrait avoir été provoquée par des propos tenus par le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, qui avait affirmé que le "modèle libyen" de dénucléarisation était la référence de l'administration américaine pour les futures négociations avec Pyongyang. Une référence que Donald Trump avait fermement démentie

Le sommet très menacé

Mais le mal était fait. Après plusieurs jours de flou, les Etats-Unis ont finalement assumé le rétropédalage, mercredi, en déclarant qu'ils prendraient une décision sur la tenue du sommet "la semaine prochaine", laissant augurer d'un possible échec de la réunion du 12 juin.

De son côté, Pyongyang semble bel et bien avoir choisi de mettre la diplomatie de côté. La dernière attaque en date est venue ce jeudi d'une haute-responsable de la diplomatie qui a qualifié de "stupides" de récents commentaires du vice-président américain à propos du sommet. Lundi, Mike Pence avait assuré qu'il n'y avait "aucun doute" que Donald Trump était prêt à quitter les pourparlers prévus avec Kim Jong-un s'il lui semblait qu'ils ne donneraient pas de résultats. 

Pourquoi Trump veut à tout prix sauver la rencontre

Or l'enjeu est de taille pour Donald Trump, lui qui avait assuré de longue date qu'il parlerait avec Kim Jong-un et n'avait pas manqué de se satisfaire à mainte reprises de la perspective de ce sommet.

Si un report, voire tout simplement une annulation de la réunion, venait à se confirmer, l'humiliation serait réelle pour le président américain, qui a savouré la suggestion de plusieurs élus américains de lui attribuer le prix Nobel de la paix

Outre un nouveau recul dans la relation Washington-Pyongyang, cette remise en cause du sommet serait mauvaise pour l'image d'autorité et de charisme de Donald Trump, humilié par un leader qu'il pensait pouvoir courtiser, mais qui pourrait s'être joué de lui. Pour se défausser, le président américain s'est d'ailleurs empressé de pointer du doigt la Chine comme responsable de ce brusque revirement de Pyongyang, et d'appeler Kim Jong-un à ne pas stopper les négociations. A six mois des midterms, Donald Trump veut à tout prix éviter un camouflet diplomatique qui pourrait coûter cher aux Républicains. 

Toutefois, la Corée du Nord semble décidée à entretenir le suspense sur le maintien ou non du rendez-vous historique. Ce jeudi, elle a effet affirmé avoir démantelé son site d'essais nucléaires de Punggye-ri, dans le nord-est du pays, comme elle l'avait promis, et devant plusieurs journalistes étrangers, venus notamment des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de Corée du Sud, qui ont témoigné d'une série d'explosions. 

Adrienne Sigel