Élections présidentielles américaines 2024
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Vaccinosceptique, avocat réputé... Qui est Robert Kennedy Jr., nouveau ministre de la Santé de Donald Trump?

Robert F. Kennedy Jr et Donald Trump, le 23 août 2024

Robert F. Kennedy Jr et Donald Trump, le 23 août 2024 - Rebecca Noble / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Âgé de 70 ans, celui qui a connu une popularité grandissante lors des différents confinements liés au Covid-19 a récemment soutenu en interviews qu'il "ne retirerait les vaccins de personne".

Une liste qui ne cesse de s'étoffer. Plus d'une semaine après sa nouvelle élection comme président des États-Unis, Donald Trump poursuit sa série de nominations fracassantes pour sa future administration. Jeudi 14 novembre, il a ainsi annoncé sa volonté de confier le ministère de la Santé à Robert F. Kennedy Jr ("RFK Jr"), notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins.

Sous sa gouverne, le ministère "jouera un grand rôle pour assurer que tout le monde sera protégé des produits chimiques, des polluants, des pesticides, des produits pharmaceutiques et des additifs alimentaires dangereux qui ont contribué à l'énorme crise de santé dans ce pays", a écrit le président élu sur le réseau social X.

Grande popularité durant la période Covid

Le neveu du président assassiné John F. Kennedy, ancien avocat en droit de l'environnement sans formation scientifique âgé de 70 ans, a forgé avec Trump une alliance improbable depuis qu'il a renoncé en août à être candidat indépendant à la présidentielle.

Le fils de Robert Kennedy, lui-même assassiné en 1968, était crédité de quelques 5% des voix en tant que candidat indépendant avant de se retirer et d'apporter son soutien à Donald Trump. Au grand dam d'autres membres de sa célèbre famille.

Lui qui n'a pas de formation scientifique est connu pour propager des théories du complot, notamment sur les vaccins contre le Covid-19, ceux-là mêmes développés en un temps record sous l'administration Trump.

Selon lui, la pandémie de Covid-19 trouve ses origines dans un laboratoire de la ville de Wuhan et aurait été diffusée dans le but de mettre en place une sorte de totalitarisme mondial illustré par, entre autres, le port du masque imposé à la population et bien sûr la vaccination obligatoire de la population.

Lors d'un discours tenu en 2022, il avait comparé la vaccination aux actions d'un régime totalitaire et a suggéré qu'Anne Frank était dans une meilleure situation lorsqu'elle se cachait, avec sa famille, des Nazis.

Tombeur de Monsanto

Tentant de rassurer, l'excentrique membre de la dynastie Kennedy a toutefois récemment soutenu en interviews qu'il "ne retirerait les vaccins de personne". Tout en ajoutant qu'il ferait en sorte que "les Américains soient bien informés" sur la question.

Personnage haut en couleur, accro à l'héroïne dans sa jeunesse, il a raconté durant la campagne avoir abandonné le cadavre d'un ourson dans Central Park à New York, et avoir un jour dû se faire retirer un ver de son cerveau.

L'annonce de sa possible participation au gouvernement avait dès le départ suscité l'inquiétude de certains.

Mais l'ancien avocat respecté en droit de l'environnement, qui a plaidé contre Monsanto sur l'herbicide Roundup et a lutté contre la construction d'un oléoduc, a aussi quelques bonnes idées, notamment en voulant s'attaquer aux pesticides et au problème de l'obésité, ont pointé des experts.

En 2018, il est l'un des avocats de Dewayne Lee Johnson, un homme atteint d'un cancer qui avait attaqué Monsanto pour avoir caché les effets dangereux du glyphosate, et à qui la firme avait été condamnée à payer 289 millions de dollars.

"Make America Healthy again"

Kennedy et Trump font la promotion d'un nouveau mouvement baptisé MAHA, "Make America Healthy again", slogan calqué sur le célèbre MAGA ("Make America Great again") du républicain.

Le but: "transformer" l'alimentation, l'air, l'eau, les sols ou encore "les médicaments de notre pays", clame-t-il dans une vidéo, de sa voix qu'une maladie neurologique a rendue chevrotante.

"Notre grande priorité sera d'assainir les agences de santé publique", celles en charge des recommandations de santé (CDC), de la recherche (NIH), des médicaments (FDA), mais aussi le ministère américain de l'Agriculture, ajoute-t-il.

Donald Trump, qui adore pourtant les fast-foods, l'a également chargé de superviser l'alimentation. Il faut "mettre un terme à l'épidémie de maladies chroniques", notamment l'obésité, martèle Robert Kennedy Jr., par ailleurs amateur du lait non pasteurisé tant redouté des agences sanitaires.

Dans une liste de mesures envisagées, publiée en septembre, il cite la baisse du prix de médicaments anti-diabète comme Ozempic, par ailleurs cheval de bataille du sénateur de gauche Bernie Sanders. Ou encore l'idée d'empêcher les bons alimentaires d'être utilisés pour acheter des sodas ou des aliments transformés.

Fluor et avortement

Celui qu'on surnomme "Bobby", a également provoqué la controverse en déclarant vouloir recommander l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante, une mesure destinée à prévenir les caries, que les CDC considèrent comme l'une des dix plus grandes réussites sanitaires du 20ème siècle.

Durant la campagne, Donald Trump avait enfin déclaré qu'il serait chargé de "la santé des femmes"

Sur cette question, "RFK" a eu des positions contradictoires. Il a récemment défendu l'idée que les femmes devraient pouvoir avorter toute leur grossesse, ne faisant "pas confiance au gouvernement" pour exercer un pouvoir "sur les corps".

Il est ensuite revenu sur ces déclarations, se prononçant pour une interdiction à partir de la viabilité du foetus (environ 24 semaines). Soit la limite fixée pendant 50 ans avant que la Cour suprême américaine, profondément remaniée par Donald Trump, ne rende aux États la liberté de légiférer sur la question en 2022.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV