"Arrêtez de manipuler le système": la police d'Hawaï accusée d'arrêter des conducteurs sobres pour faire gonfler ses chiffres

La police d'Honolulu surveille les fermetures de routes autour du Convention Center à Honolulu, Hawaï, le 10 novembre 2011 - ROBYN BECK / AFP
Les arrestations pour conduite en état d'ébriété à Hawaï seront dorénavant réexaminées. La cause? Le département de la police d'Honolulu est accusé d'arrêter des conducteurs sobres dans le cadre d'un excès de zèle afin d'obtenir des fonds fédéraux et atteindre des quotas, rapporte ce vendredi 30 mai NBC News.
L'Union américaine pour les libertés civiles d'Hawaï (ACLU) a par ailleurs intenté une action en justice jeudi, envers les officiers d'Honolulu.
Ces dernières années, les agents d'Honolulu ont arrêté des "dizaines" de conducteurs qui ne présentaient aucun signe extérieur d'ébriété, et qui réussissaient bien les tests de sobriété sur le terrain, selon l'action en justice.
"Aucun d'entre eux n'était en état d'ébriété"
Selon l'ACLU, le service est animé par une "volonté singulière" de procéder à des arrestations pour conduite en état d'ivresse, même si elles n'aboutissent pas à des condamnations.
Les superviseurs auraient donné comme ordre aux agents de nuit de rentrer chez eux tout en étant payés pour toute une période de travail, seulement s'ils procèdent à une arrestation pour conduite en état d'ivresse.
"Chacun de nos clients avait un taux d'alcoolémie de 0,000. Aucun d'entre eux n'était en état d'ébriété. Pourtant, ils ont subi des dommages durables à leur dossier et à leur réputation, des arrestations traumatisantes et des détentions illégales", a déclaré Jeremy O'Steen, avocat d'un cabinet qui travaille sur le procès avec l'ACLU Hawaï.
"Ce que nous demandons aujourd'hui est simple: arrêtez d'arrêter des personnes innocentes. Arrêtez de manipuler le système", a-t-il ajouté.
En réponse, le département a déclaré dans un communiqué qu'il "prenait ces allégations très au sérieux" et que des responsables avaient "entamé un examen complet de toutes les arrestations pour conduite en état d'ébriété remontant à 2021 ".
L'Union américaine pour les libertés civiles d'Hawaï a notamment indiqué avoir pris connaissance du problème grâce à une enquête menée par la journaliste de Hawaii News Now, Lynn Kawano.
127 personnes sobres arrêtées entre 2022 et 2024
Un recours collectif est notamment intenté au nom de trois plaignants qui ont été arrêtés, représentant ainsi des centaines d'autres conducteurs dans la même situation qu'eux.
"Nous sommes déterminés à maintenir la confiance du public et nous prendrons les mesures appropriées si une mauvaise conduite est constatée ", a déclaré la police.
De 2022 à 2024, la police d'Honolulu a arrêté 127 personnes qui avaient un taux d'alcoolémie de 0,000 après un test d'haleine ou de sang pour conduite sous influence, selon le procès.
Seules 15 personnes ont reçu une contravention et trois autres ont été inculpées pour conduite sous l'influence de stupéfiants, selon l'action en justice.