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Amérique Latine

Guatemala: Jimmy Morales, le comique devenu président

Jimmy Morales a promis de combattre la corruption qui gangrène le pays.

Jimmy Morales a promis de combattre la corruption qui gangrène le pays. - Johan Ordonez - AFP

Dimanche dernier, le Guatemala élisait son nouveau président. Dans ce pays gangrené par la corruption et la pauvreté, les électeurs ont choisi Jimmy Morales, un ancien acteur de comédie reconverti dans la politique.

On connaissait Coluche en France. Les acteurs, Ronald Reagan ou Arnold Schwarzenegger aux Etats-Unis. Ou encore Beppe Grillo en Italie. Tous n'ont pas eu les mêmes succès électoraux. Un destin que connait pas Jimmy Morales. Dimanche, cet acteur et humoriste a écrasé ses adversaires dans les urnes pour devenir le nouveau président du Guatemala en l'emportant avec 68,6% des suffrages.

Le Guatemala a fait le choix de la nouveauté alors que le pays est confronté à la pauvreté, avec 54% des habitants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, l'insécurité, avec un taux de criminalité élevé, ou encore la corruption. "Avec ce vote, vous m'avez fait président, j'ai reçu un mandat et ce mandat doit servir à lutter contre la corruption qui nous a rongés", a déclaré dans un message télévisé le nouveau président, dont le slogan de campagne était "Ni corrompu, ni voleur".

"Malgré l'absence de ligne programmatique claire, le profil atypique et l'absence d'expérience politique de Jimmy Morales ont clairement joué en sa faveur", souligne Kevin Parthenay, chercheur à l'Opalc, l'observatoire sur l'Amérique latine de l'Institut d'études politiques (Sciences Po) de Paris.

Un rôle de cowboy

Jimmy Morales est arrivé à la fonction présidentielle presque par hasard. Son rôle le plus marquant est celui de Neto, un cowboy naïf sur le point de devenir président avant de se désister au dernier moment. Un rôle prémonitoire pour ce novice en politique auquel les Guatémaltèques ont décidé de faire confiance. Et sa première déclaration a été de promettre à ses concitoyens de ne pas les faire pleurer après les avoir fait rire pendant vingt ans.

Maniant l'humour durant ses meetings, ayant étudié le management à l'université mais sans obtenir son diplôme, il était perçu par les électeurs comme une alternative aux hommes politiques traditionnels et son absence totale d'expérience politique est un gage d'honnêteté pour ses partisans.

Mouvement populaire contre la corruption

Cette élection de Jimmy Morales est le point d'orgue d'un vaste mouvement populaire contre la corruption, historique au Guatemala le pays le plus peuplé d'Amérique centrale. Ce rassemblement du peuple a dénoncé le vaste réseau de fraude découvert au sein des douanes, qui aurait détourné 3,8 millions de dollars entre mai 2014 et avril 2015, dans ce pays où 53,7% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Un scandale qui a poussé le précédent président, Otto Pérez, à démissionner en septembre avant d'être placé en détention provisoire. "Le vote pour Jimmy est fragile et conjoncturel (...) il a bénéficié d'un rejet pour les candidats traditionnels", nuance toutefois l'analyste Phillip Chicola. "Le phénomène Jimmy est une coquille vide, sans structure de parti solide", abonde Sandino Asturia, analyste du Centre d'études du Guatemala, dans un paysage politique divisé en une myriade de petites formations.

Un parti controversé

Mais Jimmy Morales n'est pas exempt de tout reproche. Son parti de droite, FCN-Nacion, a été créé en 2008 par d'anciens militaires que des groupes de défense des droits de l'Homme associent à des exactions commises durant la guerre civile qui a fait plus de 200.000 morts et disparus entre 1960 et 1996. Autre reproche faite à Jimmy Morales son manque de programme clair pour mener le pays.