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Amérique Latine

Chef de gang, homme dangereux... Qui est Fito, le narcotrafiquant le plus recherché d'Équateur?

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Chef d'un gang de 8.000 hommes extrêmement puissant dans le pays, cet ancien chauffeur de taxi est désigné comme un "criminel aux caractéristiques extrêmement dangereuses" par les autorités équatoriennes.

Il est l'homme par lequel le danger arrive. Adolfo Macias, alias Fito, chef du principal gang criminel d'Équateur, Los Choneros, s'est évadé de la prison de haute sécurité dans laquelle il avait été transféré en août passé et où il poursuivait malgré tout ses activités criminelles. Il s'est volatilisé à la veille d'une opération de police dont il a visiblement été préalablement informé.

Fine barbe, bouche serrée et sombre regard, le criminel le plus recherché du pays apparaît sur les avis de recherche lancée par la police équatorienne. Les autorités n'ont pas encore établi le montant qui sera versé à ceux qui fourniront des informations permettant son arrestation.

"Caractéristiques extrêmement dangereuses"

On ne sait en réalité que très peu de choses sur l'actuel chef de Los Choneros, si ce n'est son passé de chauffeur de taxi et sa capacité de nuisance poussant le gouvernement équatorien à le décrire comme un "criminel aux caractéristiques extrêmement dangereuses". Depuis son évasion, et en réponse aux vagues de violence qui ont suivi, l'état d'urgence a d'ailleurs été décrété dans le pays.

Dans le quartier du centre pénitentiaire de Guayaquil, où il était détenu, les peintures murales à sa gloire, et dessins d'armes, de dollars et de lions, illustrent sa popularité. Des vidéos le montrent également en train de faire la fête à l'intérieur de la prison avec des musiciens et des engins pyrotechniques.

Un groupe de musique local avait également signé une chanson à sa gloire et celle de son gang. Le clip vidéo de celle-ci a été enregistré directement entre les murs de la prison, où l'administration pénitentiaire n'a en réalité que très peu de pouvoir.

Il y apparaît large chapeau sur la tête saluant et riant avec quatre détenus dans la cour de la prison, caressant un coq de combat, sur un air chanté notamment par sa fille, connue sous le nom de Queen Michelle.

Adolfo Macias, ainsi que Junior Roldan, un autre dirigeant de Los Choneros tué l'année dernière en Colombie, bénéficient en prison d'un "traitement différencié et préférentiel de la part des autorités." Réputé très charismatique, Fito a suivi derrière les barreaux des études de droit jusqu'à obtenir son diplôme d'avocat. 

Groupe fragmenté

Le nom de Fito a fait la Une de la presse ces derniers mois après l'assassinat début août de l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle. Fernando Villavicencio, ancien journaliste et parlementaire abattu par un tueur à gages colombien, avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros.

Dans le monde de"Fito, s'applique le dicton: "Le roi est mort, vive le roi". Son ascension à la tête du gang, composé selon les experts de quelque 8.000 membres, est due aux décès successifs des chefs précédents.

Elle s'est accompagnée de la fragmentation du gang qui, jusqu'à récemment, était composé d'une myriade de petits gangs réunis.

Les récents changements à la tête de Los Choneros "ont entraîné des luttes intestines au sein du groupe et de ses sous-groupes", selon le centre de recherches Insight Crime. Les Tiguerones et les Chone Killers se sont ainsi désolidarisés et sont devenus de puissants rivaux. 

Liens puissants

Insight crime affirme même que Los Choneros "ont progressivement perdu le pouvoir au profit d'une alliance menée par Los Lobos", dont le chef à Quito, Fabricio Colon Pico, s'est également échappé mardi d'une prison de la province de Chimborazo où il avait été transféré en raison d'accusations de complot visant à assassiner un procureur.

Los Choneros ont établi des liens avec les puissantes organisations criminelles colombiennes (Clan del Golfo) et mexicaines (Cartel de Sinaloa) et des réseaux des Balkans, selon l'Observatoire équatorien du crime organisé.

Mais sur les réseaux sociaux, Los Choneros se présentent comme des bienfaiteurs, des sortes de Robin des Bois, avec des clips vidéo vantant le trafic de drogue. En ligne, ils menacent les journalistes et, sur des rythmes de musique urbaine, lancent des avertissements aux autres gangs rivaux.

Hugo Septier avec agences