"Aidez-nous": le témoignage déchirant d'une Ukrainienne de Marioupol réfugiée sous le site d'Azovstal

Leur détresse est criante et ils se retrouvent désormais au centre des discussions entre la Russie et la communauté internationale. Un millier de civils - d'après le décompte du président Volodymyr Zelensky - vit actuellement dans les tréfonds des souterrains du site industriel d'Azovstal, dernier bastion défendu par des soldats ukrainiens dans une ville de Marioupol passée sous domination russe. Parmi ces réfugiés, une femme a lancé un appel à l'aide, diffusé ce mardi matin sur notre antenne, à l'attention des alliés de l'Ukraine.
"Mon pays est en déperdition"
Cette femme qui s'adresse à la caméra depuis son sous-sol est anonyme mais peu importe, car après tout, comme elle le précise, c'est "au nom de tous les habitants de Marioupol" qu'elle a choisi d'interpeller "le monde entier".
"Aidez-nous s’il vous plaît… Nous voulons vivre! Vivre dans notre ville, notre pays! Normalement et tranquillement. On n’en peut plus de ces bombardements, des frappes aériennes. Combien de temps encore ça va durer?", s'interroge-t-elle. Faisant référence à la propagande du Kremlin, qui présente la chute de Marioupol sous l'angle d'une "libération" de la ville, elle poursuit: "Mais de qui on nous ‘libère’ ici? Je ne comprends pas… Aidez-nous. Arrêtez l’agression russe contre mon pays."
Rien n'est "épargné"
Elle brosse alors un panorama terrible: "Mon pays est en déperdition, ma ville complètement détruite. Tout est détruit, pas un seul mètre carré n’est épargné."
"Les enfants qui se trouvent ici pleurent en permanence. Ils veulent jouer et vivre. Les enfants vous demandent de l’aide. Arrêtez cette agression, je vous en supplie. Je m’adresse au président des États-Unis, au Royaume-Uni, à la France. Je sollicite le Canada, Israël, la Turquie. Je vous sollicite tous, aidez-nous. Libérez-nous et sauvez-nous. Combien de temps ce supplice peut durer pour nos vieux, nos enfants, nos infirmes?", expose-t-elle encore.
2000 soldats mais "pas une mouche"
Et les propos des militaires ne sont pas moins alarmistes que cette supplique civile. Serguiy Volyna, commandant de la 38e brigade de la marine nationale, s'est exprimé ainsi dans l'un de nos reportages: "Nous vivons peut-être nos derniers jours et peut-être nos dernières heures. L’ennemi est dix fois plus nombreux." D'après le Corriere Della Sera, on dénombre encore 2000 soldats ukrainiens, repliés au sixième sous-sol de ce conglomérat industriel entièrement rasé en surface.
Une usine autour de laquelle Vladimir Poutine a ordonné un blocus passif mais strict, de manière à ce que "pas une mouche ne puisse passer", d'après les termes qu'il a employés jeudi dernier lors d'une rencontre télévisée avec son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Timides avancées internationales
Ce dernier vient d'ailleurs de prendre des engagements humanitaires devant la presse, à l'issue de sa rencontre ce mardi à Moscou avec Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. "Nous allons renforcer notre coordination dans ce travail, notre coopération dans l’aide humanitaire à travers des mesures concrètes", a en effet promis Sergueï Lavrov aux journalistes présents, ajoutant: "Nous sommes prêts à collaborer avec les Nations Unies, son Haut-commissariat aux Réfugiés et la Croix-Rouge".
Intervenant à ses côtés, Antonio Guterres a également évoqué ce partenariat pour tâcher d'extirper les civils du piège d'Azovstal. "De nombreux habitants de Marioupol ont besoin d’une aide et d’être évacués", a-t-il souligné, appelant à "un travail coordonné entre l'ONU, la Croix-Rouge et les belligérants pour évacuer de l'usine les civils désireux de partir".
Pour le moment - et après des jours voire des semaines de tractations entre l'agresseur, l'agressé et les observateurs - les réfugiés d'Azovstal ne voient encore rien venir. L'agenda international peine parfois à cadrer avec l'urgence humanitaire.
