Violentes émeutes au Mozambique: le président élu appelle à la "non-violence" et à "l'unité"

Des piétons passent devant une barricade en feu à Maputo (Mozambique), le 24 décembre 2024. - Amilton Neves
Daniel Chapo, président élu du Mozambique, a appelé ce vendredi 27 décembre, à la "non-violence" et à "l'unité" du pays d'Afrique australe, soumis depuis lundi à des émeutes urbaines dévastatrices, assurant dans un communiqué qu'après son investiture mi-janvier, il serait "le président de tous".
Le candidat du Frelimo (Front de libération du Mozambique ndlr), au pouvoir depuis un demi-siècle et dont la victoire à l'élection présidentielle du 9 octobre a été confirmée lundi par la plus haute cour du pays, a regretté "la violence, la destruction de biens publics et privés, la mort de concitoyens" mais aussi "l'obstruction des routes, les pillages, saccages et vols" observés depuis quatre jours dans plusieurs grandes villes, depuis cette confirmation.
Selon Daniel Chapo, 47 ans, les villes les plus touchées sont la capitale Maputo et sa voisine Matola, mais aussi Beira (centre) et Nampula (nord).
"Ces actes ne font que contribuer au recul du pays et à l'augmentation du nombre de Mozambicains qui se dirigent vers le chômage et la misère", souligne l'ancien gouverneur provincial qui va diriger dans quelques semaines ce pays pauvre et inégalitaire.
Le président élu avec avec 65,17% des voix
Le président élu du Mozambique a exprimé sa "gratitude" envers les citoyens qui participent à "l'enlèvement des barricades, dans l'objectif de retrouver une vie normale" rapidement.
Il a salué aussi "les forces de défense et de sécurité qui se sont distinguées", selon lui, "en atténuant les effets néfastes de cette polarisation" politique, soulignant que plusieurs policiers ont perdu la vie dans les affrontements des derniers jours.
Il a regretté par ailleurs l'impact sur l'économie du pays et ses entreprises. "Nous travaillerons bientôt ensemble pour trouver des solutions aux problèmes générés par cette triste situation", a assuré le président élu.
Daniel Chapo a promis enfin à tous les Mozambicains, quelles que soient "leurs préférences politiques", qu'il sera "le président de tous" et qu'il fera "tout pour rénover le Mozambique ensemble".
En dépit de nombreuses irrégularités soulevées par les observateurs internationaux, le Conseil constitutionnel mozambicain a confirmé lundi que Daniel Chapo avait gagné l'élection présidentielle avec 65,17% des voix, contre près de 71% des suffrages annoncés en octobre par la commission électorale.
À l'appel de l'opposition, qui dénonce des fraudes et une élection "volée", le pays a connu déjà deux mois de manifestations, grèves et blocages qui ont au moins coûté la vie à 261 personnes, dont 134 depuis le début de la semaine, selon un bilan actualisé vendredi de l'ONG locale Plataforma Decide.
Des milliers de détenus évadés
Nombre des 33 millions d'habitants de ce pays africain lusophone tablaient sur ces élections pour tourner la page du Frelimo, mais la durée du mouvement de protestation a surpris les observateurs, dans un pays encore hanté par la guerre civile (1975-1992).
Mercredi, des groupes de manifestants se sont approchés de la Prison Centrale et ont créé de la confusion et du bruit, suscitant de l'agitation au sein de la prison où des détenus ont fini par faire tomber un mur par lequel ils se sont échappés, a expliqué Bernardino Rafael, chef de la police nationale.
Alors que l'AFP dénombrait 1.500 détenus évadés mercredi, l'agence l'Associated Press a indiqué ce vendredi qu'au moins 6.000 détenus se sont évadés d'une prison de haute sécurité de la capitale du Mozambique le jour de Noël après une rébellion. Parmi les évadés, 33 ont été tués et quinze blessés lors des affrontements qui ont suivi avec le personnel pénitentiaire, a déclaré Bernardino Rafael, chef de la police nationale lors d'une conférence de presse.
Une trentaine d'autres détenus sont, quant à eux, liés aux groupes armés jihadistes qui sèment la terreur depuis sept ans dans la province septentrionale du Cabo Delgado. Les opérations de recherche dans la foulée, appuyées par l'armée, ont permis d'arrêter quelque 150 de ces fugitifs.
Le chef de la police a affirmé mercredi soir craindre que ces détenus se regroupent, avec d'autres criminels, ce qui pourrait aggraver l'insécurité dans les prochains jours au Mozambique.