RDC: plusieurs ambassades dont celle de la France attaquées par des manifestants à Kinshasa

Une manifestation à Kinshasa en RDC, le 28 janvier 2025 - Hardy BOPE / AFP
Plusieurs ambassades, dont celles de la France, ont été attaquées mardi 28 janvier à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), par des manifestants dénonçant le conflit dans l'est du pays, a appris l'AFP de sources diplomatiques.
Les ambassades du Rwanda, de la France, de Belgique ainsi que des États-Unis ont été ciblées, de la fumée s'échappant du bâtiment de la représentation française, a constaté une journaliste de l'AFP.
"L’ambassade de France à Kinshasa a été attaquée ce matin par des manifestants, qui ont provoqué un incendie désormais maîtrisé. Ces attaques sont inadmissibles. Tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité de nos agents et ressortissants", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Goma livrée aux combats
Les tirs résonnent encore mardi dans certains quartiers de Goma, grande ville de l'est de la RDC livrée aux combats entre forces armées congolaises et combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises.
Le M23 et les soldats rwandais sont entrés dimanche soir dans la cité de plus d'un million d'habitants et presque autant de déplacés, au terme d'une progression éclair de quelques semaines, lancée après l'échec mi-décembre d'une médiation RDC-Rwanda sous l'égide de l'Angola.
Il est encore difficile de dire quelles parties de la ville sont déjà tombées aux mains du M23 et de l'armée rwandaise. L'armée sud-africaine a par ailleurs annoncé quatre soldats supplémentaires tués en RDC, portant à 17 les membres de la force régionale d'Afrique australe (SAMIRDC) et de la mission onusienne (Monusco) morts ces derniers jours dans des combats contre le M23.
Réunion du Conseil de sécurité
C'est dans ce contexte particulièrement tendu qu'une nouvelle réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la RDC est prévue dans l'après-midi. Après une précédente réunion dimanche, le gouvernement congolais avait fustigé une déclaration "vague" de l'ONU sans exigence claire au Rwanda de quitter le sol congolais. Plusieurs milliers de troupes rwandaises sont présentes dans la région, selon l'ONU.
Le président Félix Tshisekedi, qui ne s'est encore pas exprimé depuis le début de la crise, devrait s'adresser à la nation dans la journée. Le gouvernement congolais a assuré lundi vouloir "éviter le carnage", selon son porte-parole Patrick Muyaya.
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine tiendra pour sa part à la mi-journée une "session d'urgence" sur cette crise.
L'avancée rapide du M23 vers Goma, doublée d'une escalade diplomatique entre la RDC et le Rwanda, ont par ailleurs abouti à la convocation par le Kenya d'une rencontre, mercredi, entre le président de la RDC Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame.
Au moins 17 personnes ont été tuées et 367 blessées dans ces combats au cours des deux derniers jours, selon les bilans en date de lundi de plusieurs hôpitaux de la ville.
Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23, né cette année-là et vaincu militairement l'année suivante.