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NOUVELLE JOURNÉE D'AFFRONTEMENTS SANGLANT EN ÉGYPTE

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Manifestants pro-morsi se mettant à couvert, place Ramsès, au Caire. La "journée de la colère" décrétée vendredi par les Frères musulmans en...

Manifestants pro-morsi se mettant à couvert, place Ramsès, au Caire. La "journée de la colère" décrétée vendredi par les Frères musulmans en Egypte a dégénéré en de nouveaux heurts meurtriers qui ont fait près de cent morts dans la capitale égyptienne et dans d'autres villes du pays. /Photo prise le 16 août 2013/REUTERS/Youssef Boudlal

La colère est « incontrôlable »

Au moins 623 personnes sont mortes et des milliers d'autres ont été blessées mercredi lorsque la police a entrepris de démanteler par la force deux campements érigés au Caire par les Frères musulmans pour protester contre le renversement par l'armée du président Mohamed Morsi, issu de leurs rangs.
Même s'ils admettent avoir subi « des coups », les Frères musulmans refusent de reculer dans leur confrontation avec le chef d'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah al Sissi. La colère est « incontrôlable » a déclaré Gehad el Haddad, un porte-parole des Frères Musulmans. « Après les coups, les arrestations et les massacres que nous subissons, l'émotion est trop forte pour être canalisée par qui que ce soit ».
Dans un communiqué, ils disent vouloir organiser un « vendredi de la colère », en réunissant des millions de partisans à l'issue de la grande prière hebdomadaire en milieu de journée. « Malgré la douleur et la peine suscitées par la perte de nos martyrs, le dernier crime commis par les putschistes a renforcé notre détermination à en finir avec eux », disent-ils.
La confrérie accuse l'armée d'avoir commis un coup d'Etat en destituant le 3 juillet Mohamed Morsi, élu un an plus tôt.

« Actes évidents de terrorisme »

Ses adversaires affirment en revanche que les militaires n'ont fait que répondre aux aspirations de millions de manifestants rassemblés en juin pour accuser les Frères musulmans de verrouiller le pouvoir après avoir remporté toutes les élections depuis le renversement d'Hosni Moubarak.
Le "vendredi de la colère" a été le nom donné à la journée la plus violente du soulèvement de janvier-février 2011 ayant abouti à la chute d'Hosni Moubarak. Ce jour-là, le 28 janvier 2011, les manifestants ont pris le dessus sur la police, ce qui a amené l'armée à intervenir et à mettre le "raïs" à l'écart.
Face à cette initiative de la confrérie islamiste, le Front de salut national (FSN), coalition hétéroclite de gens de gauche et de libéraux, a lui aussi appelé les Egyptiens à manifester ce vendredi contre les « actes évidents de terrorisme » commis par les Frères.
Cette aggravation de la situation et la polarisation croissante de la société égyptienne inquiètent la communauté internationale.

Les Etats-Unis annulent des manoeuvres militaires

Réuni d'urgence jeudi, le Conseil de sécurité des Nations unies a lancé un appel à la retenue. Un Sommet européen exceptionnel aura lieu lundi.
Après le bain de sang de mercredi, Barack Obama a déclaré jeudi que les Etats-Unis ne pouvaient plus coopérer normalement avec l’Egypte et il a annoncé l'annulation de manœuvres militaires conjointes entre les deux pays prévues en septembre. « Les Etats-Unis condamnent avec fermeté les mesures qui ont été prises par le gouvernement intérimaire égyptien et les forces de l'ordre », a déclaré le président américain en interrompant brièvement ses vacances. « Nous déplorons les violences exercées contre les civils. Nous soutenons les droits universels essentiels à la dignité de l'homme, y compris le droit de manifester pacifiquement. »
La présidence égyptienne a répliqué que les propos de Barack Obama ne se basaient pas sur des « faits » et elle l'a accusé d'encourager les groupes violents commettant des « actes terroristes ».
Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, dit avoir appelé le général Sissi jeudi pour le prévenir que les récents événements pouvaient remettre en cause la coopération militaire entre les deux pays.
Les Etats-Unis versent 1,3 milliard de dollars (un milliard d'euros) par an à l'armée égyptienne mais leur influence sur le pays le plus peuplé du monde arabe est menacée depuis le début de la crise.

« Tout doit être mis en œuvre pour éviter une guerre civile »

La France a elle aussi condamné ces violences. François Hollande a convoqué l'ambassadeur égyptien jeudi et appelé à la levée de l'état d'urgence, estimant que « tout doit être mis en œuvre pour éviter une guerre civile ».
Immédiatement après le renversement de Mohamed Morsi, l'Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis (EAU), tous hostiles aux Frères musulmans, ont annoncé le déblocage de 12 milliards de dollars (neuf milliards d'euros) pour aider l’Egypte à surmonter ses difficultés économiques liées au chaos politique.
Contrastant avec la réaction indignée des pays occidentaux, les EAU ont jugé que les autorités égyptiennes avaient fait preuve d'une « maîtrise maximale » lors du démantèlement des rassemblements islamistes.

REUTERS