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Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années, au moins 40 morts recensés

Des patients atteints du choléra reçoivent des soins dans le centre d'isolement pour le choléra des camps de réfugiés de l'ouest du Soudan, dans la ville de Tawila au Darfour, le 12 août 2025.

Des patients atteints du choléra reçoivent des soins dans le centre d'isolement pour le choléra des camps de réfugiés de l'ouest du Soudan, dans la ville de Tawila au Darfour, le 12 août 2025. - AFP

Une épidémie de choléra a causé la mort d'au moins 40 personnes au Darfour, dans l'ouest du Soudan, pays touché par la guerre civile, a indiqué Médecins sans Frontières, ce jeudi 14 août.

Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé Médecins sans Frontières, ce jeudi 14 août.

Dans la seule région du Darfour, les équipes de MSF ont soigné "plus de 2.300 patients et enregistré 40 décès la semaine dernière en raison du choléra", a déclaré l'organisation.

"En plus d'une guerre généralisée, les Soudanais font actuellement face à la pire épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années", a souligné MSF dans un communiqué. Cette maladie diarrhéique grave, transmise par l'eau et la nourriture contaminées, peut tuer en quelques heures sans traitement.

La communauté internationale appelée à agir

Sheldon Yett, représentant de l'Unicef pour le Soudan, a appelé à une réaction de la communauté internationale. "Les enfants du Soudan sont résilients. Ils endurent la guerre depuis plus de deux ans maintenant. Mais ils ne peuvent survivre sans aide", a-t-il déclaré.

Une volonté partagée par le député Thomas Portes (LFI) qui souhaite que la communauté internationale agisse "pour sauver des milliers de vies civiles soumises depuis deux ans de guerre à des conditions inhumaines".

Plus de 640.000 enfants menacés

Selon l'Unicef, plus de 640.000 enfants de moins de cinq ans sont désormais menacés par la maladie dans le seul Etat du Darfour-Nord, où les combats font rage entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) pour le contrôle de la ville d'El-Facher.

Depuis juillet 2024, environ 100.000 cas de choléra ont été recensés à travers le Soudan et la maladie se propage dans tous les Etats du pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Tawila, épicentre de l'épidémie

Dans un pays où les combats verrouillent les axes principaux et paralysent la logistique, l'acheminement de l'aide humanitaire est devenu presque impossible. Les convois sont à l'arrêt et les réserves s'épuisent.

La saison des pluies, qui s'intensifie en août, pourrait aggraver la crise sanitaire. La situation est la plus critique dans la localité de Tawila, au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de Soudanais fuyant les combats autour d'El-Facher ont trouvé refuge après l'attaque en avril du camp voisin de Zamzam par les FSR.

"À Tawila, les habitants survivent avec une moyenne de seulement trois litres d'eau par jour, soit moins de la moitié du seuil minimum d'urgence de 7,5 litres par personne et par jour nécessaire pour boire, cuisiner et assurer l'hygiène, selon les recommandations de l'OMS", a indiqué jeudi MSF.

"Nous n'avons pas de toilettes, les enfants défèquent en plein air", confiait en début de semaine à l'AFP Mona Ibrahim, une femme déplacée à Tawila depuis deux mois.

La "pire crise humanitaire au monde"

Selon l'ONU, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés dans cette ville depuis avril. Les combats se sont intensifiés au Darfour depuis que l'armée a repris en mars le contrôle de Khartoum et les paramilitaires, qui assiègent El-Facher, tentent de s'emparer de cette ville, la seule capitale provinciale de la région encore tenue par l'armée.

"Dans les camps de déplacés et de réfugiés, les familles n'ont souvent pas d'autre choix que de boire de l'eau contaminée et beaucoup de gens attrapent le choléra", a déclaré Sylvain Penicaud, coordinateur de MSF à Tawila.

"Il y a deux semaines, un corps a été trouvé dans un puits dans l'un des camps. Il a été enlevé mais deux jours après, les gens ont été obligés de boire à nouveau cette eau", a-t-il ajouté.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes, entraîné le déplacement ou la fuite à l'étranger de millions de Soudanais et provoqué ce que l'ONU décrit comme "la pire crise humanitaire au monde". Le vendredi 1er août, le seuil de la famine a été dépassé dans le Nord-Darfour, a indiqué le Comité d'examen de la famine.

Arthus Vaillant avec AFP