Le porte-avions Charles-de-Gaulle vogue vers la Libye

Le porte-avions Charles-de-Gaulle a appareillé dimanche de Toulon. Le navire amiral de la marine française devrait atteindre lundi les côtes libyennes avec son groupe aéronaval - un sous-marin, une demi-douzaine de bateaux et une quinzaine d'avions de cha - -
par Jean-François Rosnoblet
TOULON, Var (Reuters) - Le porte-avions Charles-de-Gaulle a appareillé dimanche de Toulon sous le regard de dizaines de curieux pour participer aux opérations militaires contre les forces de Mouammar Kadhafi.
Le navire amiral de la marine française devrait atteindre lundi les côtes libyennes avec son groupe aéronaval - un sous-marin, une demi-douzaine de bateaux et une quinzaine d'avions de chasse.
Une coalition de cinq armées occidentales a commencé samedi à bombarder des objectifs en Libye pour tenter de contraindre les forces de Mouammar Kadhafi à cesser le feu et à mettre fin aux attaques contre des civils.
Les opérations se poursuivent dimanche et l'aviation française y participe, a-t-on appris de source militaire.
A l'approche du départ du Charles-de-Gaulle, les habitués ont commencé à se regrouper à Saint-Mandrier-sur-Mer, à l'extrême pointe de la rade.
"C'est de là que l'on a le plus beau point de vue. Il va passer tellement près que l'on pourra presque le toucher", sourit Annie Clerc, qui ne manque aucun appareillage du Charles-de-Gaulle depuis qu'elle a quitté l'Ain pour prendre sa retraite dans le Var.
Elle aime aussi voir passer le Foudre et le Mistral.
"Mais le Charles-de-Gaulle, c'est mon favori. C'est le plus gros, le plus beau. Mon rêve serait un jour de le pouvoir le visiter mais c'est réservé aux familles", regrette-t-elle.
CHAISE PLIANTE
Ce dimanche, elle a installé sa chaise pliante sur la plage dès huit heures du matin pour être sûre de ne pas manquer un départ pourtant programmé cinq heures plus tard.
D'autres l'ont rejointe, en couple ou en famille, pour assister au départ du fleuron de la flotte française.
Les rangs se sont resserrés quand le mastodonte a entamé ses manoeuvres d'appareillage, mais il a fallu patienter encore une bonne demi-heure pour le voir offrir le bout de son étrave aux regards.
Deux coups de sirène ont retenti au passage de la passe, peut-être en écho aux gestes amicaux parvenus de la rive, plus sûrement pour écarter de sa trajectoire quelques voiliers trop audacieux.
Aucun signe n'est en revanche venu des rares marins visibles sur le pont.
"Normal, ils ont déjà fait leurs adieux à leurs proches", explique Michel, un ancien de la marine, présent pour un "hommage fraternel" aux 1.800 hommes d'équipage.
"La différence, c'est qu'ils ne partent pas cette fois pour un exercice. C'est la guerre qui les attend là-bas", dit-il encore, d'un ton empreint de gravité.
Un peu à l'écart, les pêcheurs à la ligne restent insensibles au tumulte environnant. Le regard fixé sur la surface de la mer ridée par le vent, ils savent que les poissons seront rares, ce soir, dans la musette.
Edité par Patrick Vignal