Etats-Unis - Afrique, fin d'un sommet en demi-teinte

Barack Obama, entouré des chefs d'Etat présents lors du sommet Etats-Unis Afrique, à Washington. - -
Le premier sommet Etats-Unis Afrique s'est achevé mercredi par une conférence de presse de Barack Obama. Trois jours de réunion entre les représentants d'une cinquantaine d'Etats africains et le gouvernement américain.
Outre les photos souvenirs dans l'Oval Office, et une danse de Michelle Obama, le sommet a été l'occasion de discuter économie et sécurité. Qu'est-ce qui a été décidé? Quels pays ont obtenu des aides, et qui reste sur sa faim? On fait le point.
I am known for having a penchant for fashion & will state Ange Kagame best-dressed at #USAfricaSummit! Any takers? pic.twitter.com/JkzmvxnGGu
— Ryan Cummings (@Pol_Sec_Analyst) 6 Août 2014
> Les Etats-Unis financent une force d'intervention panafricaine
Barack Obama veut mettre en place une mission sécuritaire en Afrique, "pour mieux faire face à des menaces communes comme le terrorisme ou le trafic d'êtres humains".
Une force d'intervention rapide de maintien de la paix sera créée sur le modèle adopté face aux insurgés shebab, en Afrique de l'Est. Un soutien financier aux pays les plus stables du continent servira à former et à équiper la force d'intervention. En retour, les pays s'engagent à intervenir rapidement dans la région.
Le Ghana, l'Ethiopie, le Sénégal, la Tanzanie, le Rwanda et l'Ouganda seront les piliers de cette force d'invertion, à laquelle les Etats-Unis verseront 110 millions de dollars par an.
Le Kenya, la Tunisie, le Mali, le Nigeria, le Niger et le Ghana vont par ailleurs bénéficier d'un nouveau plan d'aide de Washington pour mieux garantir leur sécurité.
> 14 milliards de dollars d'investissements privés
Les Etats-Unis voudraient profiter de la croissance des pays d'Afrique, qui devrait frôler les 6% en 2015 selon la Banque mondiale. Barack Obama a promis que des groupes comme General Electric ou Coca-Cola allaient investir jusqu'à 14 milliards de dollars sur le continent.
Parmi ces investissements, le plan Power Africa, pour développer le réseau électrique du continent, et qui devrait représenter 26 milliards de dollars. Mais seuls six pays, à savoir l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie sont concernés.
Aucun pays d'Afrique subsaharienne francophone concerné par les invest. annoncés par @generalelectric #tweetprecedent #USAfricaSummit
— Pierre Boisselet (@PierreBoisselet) 4 Août 2014
La Chine reste le principal partenaire commercial du continent africain: le volume de ses échanges commerciaux avec l'Afrique s'élève à 210 milliards de dollars en 2013… Contre 85 milliards de dollars entre l'Afrique et les Etats-Unis. Dans ce contexte, des avertissements de Barack Obama et de John Kerry sur le danger des investissements chinois n'ont pas été appréciés.
> Les déçus du sommet
La réunion n'a pas fait que des heureux. La société civile n'était pas invitée, et certains commentateurs ont regretté la présence de dirigeants en place depuis plus de vingt ans. Seuls quatre dirigeants n'ont pas été invités par Washington.
[fixed graphic] Africa's leaders >20yrs in power. 8/10 here in DC now. pic.twitter.com/cT80E1Qrxk
— Todd Moss (@toddjmoss) 6 Août 2014
Traduction: Les dirigeants africains au pouvoir depuis plus de 20 ans. Huit sur dix sont actuellement à Washington.
L'intérêt de Barack Obama pour l'Afrique arrive bien tard dans son deuxième mandat. Depuis sa première élection en 2008, le premier président américain à avoir des origines africaines ne s'est rendu que quatre fois en Afrique, et se focalise principalement sur l'Asie.
This revealing map shows every call Obama's made to a foreign leader in 2014 http://t.co/VPUl4wkxSy pic.twitter.com/R09snXRiCJ
— Max Fisher (@Max_Fisher) 5 Août 2014
Le sommet n'aura pas forcément réussi à changer la donne: comme le note le magazine Jeune Afrique, lors de la conférence de presse de clôture, Barack Obama a répondu à des questions sur l'Ukraine, sur la politique intérieure américaine… Et à seulement deux questions sur l'Afrique.