Libye: Al-Sissi veut une résolution de l'ONU pour une intervention internationale

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en novembre 2014. - Egyptian Presidency - AFP
"Nous ne leur permettrons pas d'égorger nos enfants alors qu'ils sont innocents". Invité d'Europe 1 ce mardi matin, depuis Le Caire, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est revenu sur l'exécution par décapitation de 21 coptes d'Egypte par un groupe se revendiquant de l'Etat islamique, en Libye. "C'est un crime haïssable contre l'Humanité, pas uniquement contre les Egyptiens", a réagi le président égyptien.
Demande d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU
Alors que Le Caire a mené des frappes contre des positions du groupe jihadiste en Libye voisine, lundi matin, en représailles à ce massacre, le président égyptien a demandé une résolution de l'ONU pour une intervention internationale en Libye, pour lutter contre l'extrémisme et le terrorisme qui gagnent du terrain dans le pays, déjà ravagé par la guerre civile.
"Il n'y a pas d'autre choix", a estimé Abdel Fattah al-Sissi. "En prenant en compte que le peuple et le gouvernement libyen soient d'accord et nous appellent pour agir, pour rétablir la stabilité et la sécurité, en coopération avec nous", a-t-il poursuivi, mettant en garde les Occidentaux contre un risque de déstabilisation de toute la région par les jihadistes.
"Ce message, je l'adresse aussi aux Européens, et aux Français en particulier: le Président Français, quand je l'ai rencontré il y a quatre mois, je lui ai dit : 'Faites attention, ce qui se passe en Libye peut transformer ce pays en un terreau qui va menacer l'ensemble de la région, pas seulement l'Egypte'", a-t-il expliqué, avant d'ajouter: "Il faut traiter ce problème parce que la mission n'a pas été achevée par nos amis européens. Nous avons abandonné le peuple libyen prisonnier de milices extrémistes."
Appel à lever l'embargo sur les armes
Abdel Fattah al-Sissi a également appelé à la levée de l'embargo sur les armes à destination du gouvernement légitime du pays. "Il faut lever l'embargo sur les armes à destination de l'armée libyenne pour lui donner l'occasion de défendre son peuple et son pays et ses choix", a-t-il ainsi estimé.
Interrogé sur les bombardements des positions de l'Etat islamique en Libye, menés lundi matin par l'Egypte, le président égyptien a indiqué: "Nous voulions que l'Egypte n'intervienne pas militairement et nous ne voulions agir à l'intérieur de la frontière libyenne, par respect pour la souveraineté et pour le peuple libyen". Avant d'expliquer qu'il s'agissait d'un geste d'"autodéfense", pour répliquer au crime commis par les jihadistes sur des citoyens égyptiens. "Ce qui s'est passé est un crime: un crime terroriste monstrueux. Que nos enfants soient égorgés en Libye et ne pas agir: non! C'est une forme d'autodéfense, acceptée par le droit international, la communauté internationale et les coutumes. Nous ne leur permettrons pas d'égorger nos enfants alors qu'ils sont innocents."
Enfin, à la question de savoir si l'Egypte est prête à réitérer ces frappes, Abdel Fattah al-Sissi a estimé, que la réponse pour arrêter l'extrémisme et le terrorisme en Libye doit se faire "ensemble".