Algérie: Bouteflika réelu, Benflis ne "reconnaît pas" le résultat

Les partisans de Bouteflika célèbrent la victoire à Alger - -
Après une journée de décompte des voix, le résultat est finalement tombé vendredi, autour de 17h30, heure française: le président algérien Abdelaziz Bouteflika, pourtant quasi-absent de la campagne en raison de ses ennuis de santé, a été réelu pour un quatrième mandat avec 81,53% des voix, à l'issue d'un scrutin boudé par la moitié des électeurs et contesté par son principal rival. Il détient ainsi le record de longévité pour un président algérien, après 15 ans à la tête du pays.
Son principal adversaire et ancien Premier ministre, Ali Benflis, est arrivé loin derrière avec 12,18% des suffrages selon le ministre de l'Intérieur Tayeb Bélaïz, qui a annoncé les résultats. Le plus jeune candidat, Abdelaziz Bélaïd, est arrivé troisième avec 3% des voix, suivie de la députée trotskiste Louisa Hanoune (1,37% des voix).
Mais le président, âgé de 77 ans et à l'état de santé incertaint, est en recul par rapport à ses résultats en 2009 et 2004, où il avait été respectivement élu avec 90 et 85% des voix. Le taux de participation est, lui aussi, plus faible: 51,7% des Algériens ont voté, contre 74% en 2009. Un total de de 22.880.767 personnes ont participé au scrutin.
"Fraude à grande échelle" et "graves irrégularités" selon Benflis
Arrivé deuxième position avec environ 12% des voix, Ali Benflis a déclaré dès la fermeture des bureaux de vote, jeudi, qu'il ne reconnaîtrait pas cette élection. Il a dénoncé une "fraude à grande échelle" et de "graves irrégularités".
Dès jeudi soir, avant même que les résultats ne soient annoncés, des partisans de Bouteflika célébraient déjà sa victoire dans les rues d'Alger. "C'est la victoire de notre père", scandaient certains, ornant le drapeau national et le portrait de Bouteflika dans la capitale. Le principal opposant du président, quant à lui, parlait d'un "viol de la souveraineté et du choix du peuple".
Peu après l'annonce de sa défaite par le ministre de l'Intérieur, vendredi, Ali Benflis a déclaré qu'il ne reconnaissait pas la victoire du président sortant, car "le reconnaître c'est se rendre complice de la fraude". Il a poursuivi en dénonçant une "alliance entre la fraude, l'argent suspect et des médias vendus".
"Notre histoire nationale retiendra cette date comme celle d’un grand crime commis contre la nation au moyen du viol des consciences, du vol des voix citoyennes et de la confiscation de la volonté populaire", a t-il déclaré devant ses militants vendredi soir, tandis qu'eux scandaient "on n'oublie pas, on ne pardonne pas".
70 blessés, des journalistes attaqués
Le résultat doit désormais être confirmé par le Conseil constitutionnel sous un délai de dix jours. Le ministre de l'Intérieur Tayeb Bélaïz, qui a annoncé les résultats vendredi, a cependant parlé d'un climat de "transparence et de neutralité". Il a assuré les journalistes et observateurs internationaux que le peuple avait "choisi en toute liberté".
Pourtant, des incidents ont éclaté lors de l'élection jeudi. Pas moins de 70 personnes ont été blessées, notamment en Kabylie, dans des heurts entre gendarmes et jeunes tentant d'empêcher les habitants de voter.
Vendredi, Reporters sans Frontières a annoncé que deux journalistes algériens d'El-Watan ainsi qu'un photographe français avaient été "pourchassés, insultés et menacés de mort" par six hommes jeudi, alors qu'ils enquêtaient sur de possibles fraudes électorales à Khenchla, dans le Nord-Est du pays.