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Veolia : matière grise en action

"Il faut faire des choix quand le monde change", Antoine Frérot le dit lui-même.

"Il faut faire des choix quand le monde change", Antoine Frérot le dit lui-même. - -

La restructuration de Veolia est en marche. Mais le groupe opte pour un autre discours et passe à l'offensive. Une grande conférence de presse était organisée ce jeudi par le leader mondial de l'eau, de la propreté et de l'énergie locale. Ses objectifs: réinventer ses métiers. Que faut-il entendre ?

La machine de guerre est en marche. Antoine Frérot le PDG de Veolia souvent critiqué est combatif. Avis à ceux qui lui ont reproché de ne vouloir faire que des économies et vendre des actifs. Sa stratégie se dévoile. Réinventer Veolia c'est devenir "l'Industriel de l'Environnement". Y aurait-il eu un côté amateur auparavant ? J'en doute fort.

Le monde évolue, les questions environnementales sont importantes: pollutions difficiles, rareté croissante des matières premières. Passer à côté, c'est la mort pour un groupe dont ces problématiques sont le cœur de métier. "Il faut faire des choix quand le monde change", Antoine Frérot le dit lui-même. Veolia passe donc à la vitesse supérieure sur ses marchés à l'international.Un renforcement de sa présence en Asie mais aussi partout ailleurs. C'est ainsi qu'en Inde la ville de Nagpur a confié pour la première fois à une entreprise étrangère la gestion de son eau. Pour Veolia, ce n'est qu'un début. N'oublions pas que la pression sur les marges de l'eau en France et la crise n'ont pas arrangé les affaires, selon Veolia lui-même.

Le traitement de l'eau sur les sites non conventionnels est aussi un gros potentiel pour ce leader: un tiers de ses gains en perspective. Il se positionne donc sur ces marchés. Déjà des projets autour du gaz de schiste aux États-Unis et en Pologne. Mais aussi le démantèlement des centrales nucléaires. Objectif: devenir un intégrateur majeur sur les sites sensibles.Il mise aussi sur les énergies d'avenir telle que la biomasse encore trop peu développée en particulier en France. Veolia a inauguré la plus grosse centrale de production électrique biomasse, l'usine Smurfit. Ce qui peut être un bon vecteur de préservation de l'emploi local.

Un industriel pour des industriels

Et la stratégie continue de se préciser. L'opération séduction est lancée auprès des industriels. Pas question d’être uniquement défini comme opérateur des collectivités (encore près de 70% de son marché), Veolia veut faire passer son chiffre d'affaires d'environ 35% à plus de 50% avec les clients industriels: entreprises polluantes, celles qui ont des déchets valorisables ou une forte politique RSE, voire une image de marque à défendre, comme l'industrie du luxe. Faire ce que l'on dit...

Veolia foisonne d'idées neuves. (Trop ? ) Il se positionne sur les réseaux intelligents notamment à travers sa joint-venture avec Orange MO2 City et ses enjeux de télé relève. L'efficacité énergétique est l'un de ses axes de développement. Il mise sur le pilotage énergétique. Des tests sont en cours en région parisienne. Un centre sera bientôt inauguré. Et que dire des réseaux de froid et de chaleur (chauffer l'eau grâce à la chaleur des data centers, comme à Val d'Europe...et ce n'est qu'un exemple).

Du gagnant-gagnant

Veolia adapte donc ses activités à la réalité. Remodeler ce qui fait son cœur de métier. En quoi peut-il être nouveau ? En faisant évoluer son business model ?

Ce nouveau Veolia se veut séducteur. "Le client reste aux commandes", cela claque comme un slogan. Le message: servir l'opérateur plutôt qu'être opérateur. Antoine Frérot parle d'obligation de résultat et de réduction des charges. Rémunérer en fonction des performances obtenues. Du gagnant-gagnant et des packages à haute valeur ajoutée. On ne peut pas parler plus clairement. Évidemment le programme de cessions se poursuit, le plan de réduction des coûts sur 4 esr en marche mais Veolia entend donner un coup de booster: innover, baisser les charges pour être compétitif. Et mettre en avant son savoir-faire et ses technologies. Veolia se défend d'ailleurs de vouloir réduire ses coûts en R&D. Il vaut mieux y voir un recentrage.

C'est à François Bertreau nouveau directeur général adjoint en charge des opérations qu'est confié la mission de faire évoluer ses métiers. Un enthousiasme partagé par les salariés selon Jérôme Le Conte, directeur général adjoint en charge de Veolia Propreté. Qui dit réduction de coûts laisse entendre réduction d'effectifs mais le groupe compte avant tout sur les départs volontaires.

Pour certains analystes, il faudra encore du temps à Veolia pour redevenir une entreprise saine. Ce leader a 160 ans d'histoire, se réinventer n'est donc pas une première mais clairement les défis sont de taille. Le groupe vient de montrer qu'il avait choisi de mettre la barre très haut.

Nathalie Croisé de BFM Business