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Starcloud, cette start-up veut mettre les data centers et les IA au frais, dans l’espace

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Afin de répondre à la demande croissante de centres de données et de centres de calcul qui permettent l’entraînement des IA et les inférences, Starcloud envisage de construire de gigantesques data centers dans l’espace, alimentés par l’énergie solaire.

Quatre kilomètres de côté, deux grandes ailes accolées et composées de panneaux solaires. Au centre, des containers assemblés en étoile, par grappe, ce sont eux le cœur d’un centre de données de 5 Gigawatts, pas comme les autres. Starcloud est pensé pour flotter dans l’espace, en orbite proche de la terre…

La start-up derrière ce projet a émergé du programme Inception, de Nvidia, qui finance les jeunes pousses en lien avec l’IA, et a également été incubée dans l’accélérateur Cloud AI de Google. Car Starcloud veut être une partie de la réponse aux besoins croissants en centre de données, et fonctionnera lui-même grâce à l’IA.

Pourquoi mettre des centres de données dans l’espace ?

Starcloud, une start-up qui ambitionne de mettre les data centers dans l'espace...
Starcloud, une start-up qui ambitionne de mettre les data centers dans l'espace... © Starcloud

Réduire l’impact écologique

Pour la même raison qu’on en immerge dans les océans. L’objectif est évidemment de réduire le coût énergétique nécessaire au fonctionnement et au refroidissement des composants sollicités par le traitement des données. Le froid spatial est là un allié de choix. Les panneaux solaires se chargent de capter la lumière solaire et de produire de l’électricité. Il n’y a donc pas besoin d’embarquer de batterie ou de générateur de secours, estiment les responsables du projet.

"Dans l’espace, vous avez accès à une énergie renouvelable à bas coût presque illimitée", expliquait Philip Johnston au blog de Nvidia. Pour l’ancien prestataire de la Nasa, "le seul coût environnemental sera celui du lancement". Il estime même que ses centres de données pourraient être 10 fois plus économes en matière de consommation énergétique et avoir un impact en dioxyde dix fois moins important qu’un data center terrestre.

Des usages pour aujourd’hui, une solution pour demain

Philip Johnston est persuadé que "dans dix ans, presque tous les nouveaux centres de données seront construits dans l’espace." Enfin, si ce projet se montre concluant comme semblent l’espérer Nvidia et Starcloud. Le premier module devrait être mis en orbite en novembre prochain. Une première étape qui prend des allures modestes. Le satellite Starcloud-1 a en effet la taille d’un petit réfrigérateur et pèsera environ 60 kg. A l’intérieur, les ingénieurs de Starcloud ont disposé des puces H100, de Nvidia, architecture Hopper.

Dans un premier temps, le fondateur de Starcloud va mettre son centre au service de l’analyse de données d’observation de la Terre. En start-up incubée par Google, la jeune pousse a démontré qu’elle est capable de faire tourner des modèles d’IA sur ces machines, et que les dernières générations de LLM tourneront sur ses premiers modules.

Ainsi, il pourrait être possible de faire des prédictions météorologiques plus rapides et plus fines en traitant les données récoltées directement dans l’espace, avant d’envoyer les conclusions sur Terre.

Les systèmes de surveillance qui réunissent des caméras, des capteurs pour l’imagerie hyperspectrale et des radars à synthèse d’ouverture (pour obtenir des reconstitutions en 2D ou 3D d’un environnement), génèrent des quantités de données énormes, jusqu’à 10 Go/s, avance Philip Johnston. Utilisées dans la surveillance des récoltes ou encore des forêts, ces méthodes permettent de détecter des problèmes, comme les incendies gigantesques.

Or, disposer d'une puissance de calcul dans l’espace pourrait assurer un gain important de vitesse dans le traitement des informations et la création des cartes, estime le responsable du projet. La détection des phénomènes pourrait être plus rapide, réduisant les temps de réaction de quelques heures à quelques minutes.

Si le froid spatial sera évidemment un allié pour le refroidissement de ces centres de données, cet environnement demeure néanmoins hostile, potentiellement exposé à des débris spatiaux ou à des radiations solaires qui ne font pas bon ménage avec les puces informatiques.

Autant de considérations que doivent avoir en tête les ingénieurs de Starcloud, qui pensent déjà à la suite. Les prochains modules envoyés dans l’espace embarqueront des puces Nvidia de génération Blackwell, pour jusqu’à dix fois plus de puissance de calcul. Restera la question de la récupération des modules en panne ou obsolètes, qui sera bien plus difficile que dans les centres de données terrestres.

Pierre Fontaine