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Les incendies en Gironde vont-ils donner un goût de fumée aux vins de Bordeaux cette année?

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La Gironde a été touchée cet été par deux incendies majeurs à La Teste-de Buch et à Landiras. Ce dernier secteur est proche de certaines appellations bordelaises, mais les viticulteurs se veulent rassurants sur l'impact sur la production.

C'était l'une des inquiétudes des viticulteurs à l'approche des vendanges: et si les incendies qui ont ravagé la Gironde cet été altéraient le goût de la production de cette année? Les deux incendies majeurs, à La Teste-de Buch et à Landiras ont détruit respectivement 7000 et 21.200 hectares.

Or, ce dernier secteur, situé dans le Sud-Gironde, est proche des appellations bordelaises des Graves, Pessac-Léognan, Sauternes, Barsac et Loupiac, faisant craindre aux spécialistes des conséquences sur les crus 2022, qui pourraient avoir le goût de fumée.

"Aucune conséquence sur la qualité des raisins"

"L'impact d'une fumée trop importante" sur les raisins n'est "pas une légende", insiste Olivier Bernard, qui gère notamment le Domaine de Chevalier, à Pessac-Léognan, sur BFMTV. Toutefois, lors de ces incendies, "les vents dominants étaient des vents du Nord, et donc c'est principalement les zones au sud de ces incendies qui ont été touchées".

Malgré une grosse frayeur un jour où le vent avait tourné, la zone a donc été relativement épargnée. "Il y a zéro impact sur nos vignobles", assure Olivier Bernard.

"Dans toute cette région en lisière de Landiras, on peut affirmer qu'il n'y a aucune conséquence sur la qualité des raisins", a-t-il ajouté.

De premiers résultats "rassurants"

Un constat que confirment les premiers résultats concernant la présence de molécules pouvant donner un "goût de fumée" au vin. Ces derniers sont "rassurants" pour le vignoble bordelais, ont annoncé ce mardi des spécialistes, depuis une conférence organisée par l'Union des oenologues de France (UOF), à l'Institut des sciences de la vigne et du vin à Villenave-d'Ornon, en Gironde.

"À ce stade, les premiers résultats analytiques sont rassurants", a indiqué Vincent Renouf, directeur général du laboratoire Excell, expliquant que 400 analyses avaient été faites. Sur des composés connus qui participent au "goût de fumée" dans le vin, "on reste sur des niveaux inférieurs aux seuils de perception théorique", a-t-il ajouté.

Il l'a notamment expliqué par le fait que les incendies avaient frappé "très tôt" avant les vendanges, contrairement aux incendies en Californie en 2020 ou en Provence en 2021. Le raisin n'avait pas encore beaucoup de sucre et n'a pas pu beaucoup "glycoliser" les molécules issues de la combustion du bois (phénols volatils).

"Si le raisin n'a pas assez de sucre, ça (ces molécules, NDLR) ne rentre pas", a-t-il expliqué.

"Un grand millésime" en vue?

Ce "goût de fumée" se caractérise par une "amertume en fin de bouche", une "âcreté", mais est inodore, ont expliqué des intervenants. Il se révèle en général au moment de la fermentation avec l'action des sucres qui auront fixé des composés issus de combustion.

"Dans le vignoble (bordelais), il n'y a aucune inquiétude", a assuré Dominique Guignard, patron du syndicat des Graves et viticulteur à Mazères, près de Landiras. "En 1949, il y a eu un incendie monstre près des Graves et le millésime avait été exceptionnel", rappelle-t-il. Pour cette année, il promet "un grand millésime"!

Fanny Rocher avec AFP