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Le Prix Artscience récompense la chasse au gaspi

Eclairer ou produire de l'énergie grâce aux bactéries

Eclairer ou produire de l'énergie grâce aux bactéries - -

La ville de demain sera au carrefour de bon nombre d'univers: les énergéticiens, les constructeurs immobiliers, les architectes et les concepteurs de tous types de transports. C'est pourquoi l'innovation se doit de rapprocher les cultures. C'est le but du Prix Artscience. Pendant six mois, des groupes d’étudiants ont planché en particulier sur des enjeux durables.

2013 n'est pas l'année de la transition énergétique pour rien. Ce sont deux projets tournés vers cette problématique qui viennent tout juste d'être récompensés. Le premier lauréat de cette troisième édition du prix Artscience a de quoi surprendre. C'est Organight, un éclairage urbain d'un nouveau genre porté par deux étudiants designers de Strate Collège et deux jeunes de Centrale.

Point de départ: des bactéries. Elles peuvent nous effrayer mais il y en a tout autour de nous. Pourquoi ne pas se servir du mouvement des passants, des voitures voire des pigeons pour les stimuler? Des bactéries créent naturellement de la lumière. Les associer à la vitrine des magasins s'est alors imposé.

Après avoir écarté l'idée d'élaborer un verre tout nouveau, les quatre étudiants ont opté pour des autocollants. Ils se colleraient aux vitrines des rues commerçantes permettant de faire la promo de la marque et en même temps d'éclairer sans consommer d'électricité. Cette bactérie miracle porte le nom délicat de bacillus subtilis. Elle est bien connue des scientifiques. Les créateurs d'Organight ont donc contacté des laboratoires avec l'ambition d'aller vite. Six mois de recherche seraient nécessaires pour optimiser le procédé. Et pourquoi pas créer une entreprise. Au final ces autocollants permettraient de réduire par cinq le nombre de lampadaires dans les centres-villes.

Livingbox: les bactéries en action

L'autre projet récompensé a un point commun avec le précédent: des bactéries. Elles ont un nom plus barbare: geobacteria sulfurreducens. Leur force: produire de l'électricité. Les résultats sont impressionnants.

Les deux étudiants designers de Strate Collège et les deux ingénieurs de Télécom ParisTech ont donc eu l'idée de créer une box, la Livingbox. A l'intérieur, des bactéries, des électrodes... et une plante verte. Il suffit de verser un peu de vinaigre blanc (de l'acétate dans un langage moins courant) et le tour est joué. Les bactéries se mettent en action et cette boîte peut alimenter certains appareils. Seul souci le phénomène engendre de l'eau qu'il faut donc drainer. D'où la plante verte. Évidemment le consommateur sera mis à contribution. Un peu de pédagogie sera sûrement nécessaire. Les inventeurs de Livingbox y ont réfléchi en envisageant de proposer la solution en pack. Une box normale et la leur. Le rendement n'est pas encore suffisant. Mais ils comptent bien relancer les recherches en laboratoire. Un telle box permettrait de réduire de 10 % la facture d'électricité.

Dialogue constructif

8000 euros sont donc mis à disposition des lauréats pour avancer dans leurs projets. Deux groupes d’élèves participent au workshop d’été organisé au Laboratoire avec des étudiants de l’Université de Harvard, d’écoles de design européennes, et d’autres au ArtScience Prize aux Etats-Unis. Organight décroche même le « Prix du Public » sur la plateforme de financement participatif My Major Company. Et une somme supplémentaire de 1750 €

Tous les lauréats sont unanimes pour dire que personne ne peut désormais travailler intelligemment sur ces enjeux énergétiques sans réfléchir en terme de réduction de la consommation. Designers et ingénieurs ont appris à travailler ensemble. Parfois le dialogue n'était pas évident mais tous sortent enrichis de ces mois de réflexion. Ils savent désormais que la ville de demain nécessitera de collaborer de plus en plus étroitement avec des métiers jusqu'à présent méconnus.

Nathalie Croisé de BFM Business