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Climat

"Une situation exceptionnelle": l'Europe a connu son mois de mars le plus chaud jamais mesuré

Un piéton traverse un pont alors que le soleil se couche à Toulouse, dans le sud de la France, le 13 janvier 2025.

Un piéton traverse un pont alors que le soleil se couche à Toulouse, dans le sud de la France, le 13 janvier 2025. - Ed JONES / AFP

Au niveau mondial, mars 2025 se classe comme le deuxième plus chaud, derrière mars 2024, prolongeant une série ininterrompue de records ou quasi-records des températures depuis juillet 2023.

L'Europe a connu, de loin, en 2025 son mois de mars le plus chaud jamais enregistré sur le continent, connu pour être celui qui se réchauffe le plus vite dans le monde, a annoncé ce mardi 8 avril l'observatoire européen Copernicus.

Sur le Vieux Continent, celui qui se réchauffe le plus vite, cette anomalie exceptionnelle a épargné le mois dernier la péninsule ibérique et le sud de la France. Et elle s'est accompagnée de précipitations extrêmes, voire record, dans certaines régions, comme en Espagne et au Portugal, tandis que d'autres vivaient un mois historiquement sec comme aux Pays-Bas ou dans le nord de l'Allemagne.

Dans le reste du monde, des études du réseau scientifique de référence World Weather Attribution (WWA) ont conclu que le changement climatique avait intensifié une vague de chaleur intense dans toute l'Asie centrale et favorisé les précipitations à l'origine d'inondations meurtrières en Argentine.

"On reste sur des températures extrêmement élevées"

Au niveau mondial, mars 2025 se classe comme le deuxième plus chaud, derrière mars 2024, prolongeant une série ininterrompue de records ou quasi-records des températures depuis juillet 2023.

Depuis lors, à une exception près, tous les mois ont été au moins 1,5°C plus chauds que la moyenne de l'ère préindustrielle, mettant les scientifiques au défi d'expliquer cette longue série hors normes.

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"Le fait que (mars 2025 soit) encore 1,6°C au-dessus de l'ère préindustrielle est vraiment impressionnant", estime Friederike Otto, climatologue de l'Imperial College de Londres, jointe par l'AFP. "Nous voilà fermement pris dans l'étau du changement climatique causé par l'humanité" et sa combustion massive des énergies fossiles, dit-elle.

"On reste sur des températures extrêmement élevées", constate aussi Robert Vautard, coprésident du groupe de travail sur la climatologie du Giec, les experts mandatés par l'ONU.

"C'est une situation exceptionnelle", assure-t-il à l'AFP, "car normalement les températures redescendent franchement après deux années El Niño", ce phénomène naturel qui pousse temporairement à la hausse les températures mondiales et dont le dernier épisode remonte à 2023-2024.

"Éviter de surréagir à des fluctuations"

Mars 2025, avec 14,06°C en moyenne, est ainsi seulement 0,08°C plus froid que le record de mars 2024 et à peine plus chaud qu'en 2016, selon Copernicus. Sauf que ces deux extrêmes précédents avaient été observés lors d'un fort épisode d'El Niño tandis que 2025 flirte avec La Niña, la phase inverse du cycle, synonyme d'influence rafraîchissante.

Néanmoins, "l'augmentation des températures reste dans la partie haute des projections mais pas en dehors", souligne le haut-responsable du Giec.

"Il faut éviter de surréagir à des fluctuations ou absences de fluctuations, et attendre les explications" sur les phénomènes qui ont pu "se superposer" au réchauffement provoqué par l'humanité, prévient Robert Vautard, car les températures sont "soumises à d'importantes variations naturelles interannuelles ou décennales".

L'année 2024 a tout de même été la première année calendaire à dépasser le seuil de 1,5°C, soit la limite de réchauffement la plus sûre adoptée par la quasi-totalité des pays du monde dans l'accord de Paris.

I.H avec AFP