En Méditerranée, une équipe de scientifiques traque les ravages du plastique

Jean-François Ghiglione - Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS / AFP
Le 20 septembre dernier, l'association 7e continent a embarqué une équipe scientifique du CNRS à bord d'une goélette pour un voyage de trois semaines en Méditerranée. Objectif: traquer les résidus de plastique et analyser les zones d'accumulation de ces déchets dans la mer, afin de comprendre comment ces microparticules interagissent avec les organismes vivants.
Cette mission est "destinée à mesurer la présence de nano et micro particules de plastique à différentes profondeurs dans la colonne d’eau et dans l’air au-dessus de la surface de la mer afin de mieux appréhender leurs conditions de transport dans les milieux naturels", expliquait début septembre le CNRS dans un communiqué.
Des analyses en cours
Parti de Sète, l'équipage a multiplié les prélèvements en mer à différentes profondeurs entre les Baléares et la Sardaigne. Chaque jour, la récolte s'est montrée prolifique.
"Ce que l'on regarde en particulier, ce sont les microplastiques qui font moins de 5 mm. Ils vont être présents dans tous les organismes que l'on retrouve en milieu marin. Ce qui m'intéresse c'est d'analyser si l'on retrouve des bactéries pathogènes, qui peuvent transporter des maladies, a expliqué à BFMTV Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS, présent sur le navire.
Les échantillons prélevés ont été expédiés dans différents centres d'analyse en France. Pendant des mois, des chercheurs vont étudier les incidences de ces microplastiques sur les écosystèmes.
"On ne connaît pas encore bien tous les effets. Il y a deux types de substances chimiques qui sont associées au plastique: les additifs qui ont été incorporés au moment de la fabrication du plastique, ainsi que des substances qui vont s'associer fortement au plastique lors de son évolution dans l'environnement, comme les polychlorobiphényles qui sont des substances cancérigènes", explique Alexandra Ter-Halle, chercheuse au CNRS en physico-chimie.
"On ne peut pas interdire le plastique"
Fort des recherches effectuées grâce à son ONG, Patrick Deixonne, le capitaine de l'expédition, un ancien pompier reconverti en chasseur de plastique dans les océans, entend aujourd'hui jouer le rôle de lanceur d'alerte auprès des citoyens, des politiques mais aussi des industriels.
"On ne peut pas interdire le plastique, on ne pourra pas s'en passer mais le monde de la plasturgie doit trouver de nouveaux process de fabrication", estime-t-il.