Réchauffement climatique: le seuil de 1,5°C bientôt atteint, les climatologues de l'ONU sonnent l'alarme

Cette photographie prise le 15 janvier 2024 montre un kayak abandonné sur le sol sec à côté du réservoir à faible niveau d'eau de Sau, avec en arrière-plan l'église de Sant Roma de Sau, dans la province de Gérone en Catalogne. La Catalogne est aux prises avec une sécheresse historique depuis trois ans, certains habitants étant déjà confrontés à des restrictions d'eau dans leur vie quotidienne. - LLUIS GENE / AFP
C'est un nouveau signal d'alarme. Le réchauffement moyen de la planète devrait dépasser de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels sur la période 2025-2029, a prédit ce mercredi 28 mai avec une certitude de 70% l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l'ONU.
Si l'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, elle ne devrait pas le rester longtemps. D'ici 2029, les scientifiques estiment qu'il y a 80 % de chances qu'au moins une année soit plus chaude.
"Nous venons de vivre les dix années les plus chaudes jamais enregistrées. Malheureusement, ce rapport de l'OMM ne laisse entrevoir aucun répit", a résumé la secrétaire générale adjointe de l'OMM, Ko Barrett.
Cette nouvelle alarmante remet en question la limite fixée par l'accord de Paris en 2015 qui prévoyait un seuil de 1,5°C à ne pas dépasser. Mais, les émissions de CO2 n'ayant toujours pas commencé à baisser mondialement, les climatologues jugent désormais cet accord impossible à tenir.
Intensification des catastrophes naturelles
Le rechauffement de 1,5°C est calculé par rapport à la période 1850-1900, avant que l'humanité ne se mette à brûler industriellement charbon, pétrole et gaz, dont la combustion émet du dioxyde de carbone, le gaz à effet de serre largement responsable du changement climatique.
Ces prédictions sont particulièrement inquiétantes en raison des conséquences climatiques ou des catastrophes naturelles qu'elles peuvent engendrer. Chaque fraction de degré de réchauffement supplémentaire peut intensifier vagues de chaleur, précipitations extrêmes, sécheresses, fonte des calottes glaciaires, de la banquise et des glaciers...
La semaine dernière, la Chine a enregistré plus de 40°C dans certaines zones, les Emirats arabes unis près de 52°C, et le Pakistan a été traversé par des vents meurtriers, après une vague de chaleur intense.
"Nous avons déjà atteint un niveau dangereux de réchauffement de la planète" avec récemment "des inondations mortelles en Australie, en France, en Algérie, en Inde, en Chine et au Ghana" et "des incendies de forêt au Canada", souligne Friederike Otto, climatologue de l'Imperial College de Londres.
"Continuer à miser sur le pétrole, le gaz et le charbon en 2025 est une folie absolue", alerte-t-il.
Pire scénario possible?
Bien que cela soit "exceptionnellement improbable" selon l'OMM, il existe désormais une probabilité non nulle (1%) qu'au moins une des cinq prochaines années dépasse 2°C de réchauffement. "C'est la première fois que nous voyons cela dans nos prévisions", a observé Adam Scaife, du Met Office. "C'est un choc" même si "nous avions pensé que c'était plausible à ce stade".
Il a rappelé qu'il y a une décennie, les prévisions avaient pour la première fois affiché la probabilité - également alors "très faible" - qu'une année dépasse 1.5°C. Ce qui fut le cas pour la première fois sur une année calendaire en 2024.
Concernant les glaciers, première victime du réchauffement climatique, les nouvelles ne sont pas meilleurs. Le réchauffement de l'Arctique devrait continuer à dépasser la moyenne mondiale au cours des cinq prochaines années, prédit aussi l'OMM.
La concentration des glaces de mer devrait diminuer dans les mers de Barents, de Béring et d'Okhotsk, tandis que l'Asie du Sud devrait continuer à recevoir davantage de précipitations que la normale. Des conditions plus humides sont attendues au Sahel, dans le nord de l'Europe, en Alaska et dans le nord de la Sibérie, ainsi que des conditions plus sèches dans le bassin de l'Amazone.