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Le héros San Antonio débarque en BD pour affronter... Dominique Strauss-Kahn

Détail de la couverture de San Antonio

Détail de la couverture de San Antonio - Casterman 2018

San Antonio est adapté en bande dessinée. Parmi les ennemis affrontés par le célèbre personnage: un homme ressemblant comme deux gouttes d'eau à... DSK.

Aussi loin qu'il s'en souvienne, Michaël Sanlaville a toujours lu les truculentes aventures de San Antonio. "Je lis ça depuis gamin. San Antonio, Dragon Ball… L’un à côté de l’autre dans une bibliothèque, c'était étrange", concède ce pilier du trio de Lastman.

A 35 ans, il vient de réaliser son rêve d'enfant en adaptant en BD le héros de Frédéric Dard. Michaël Sanlaville n’a pas choisi le plus connu des livres, San-Antonio chez les gones, et a privilégié une enquête cousue de fil blanc, située à Lyon, pour échapper au poids du chef d’oeuvre et à l'opprobre des fans.

"L’idée est de rendre hommage, de transmettre, de remettre sur le devant de la scène Frédéric Dard. San Antonio, aujourd’hui, on n’en parle plus, raconte le dessinateur."Son fils, Patrice Dard, avait envie de faire vivre le personnage. Il est content que ce soit venu de mon initiative, plutôt que d'un éditeur qui a flairé un coup. Je n’ai rien flairé du tout".
San Antonio
San Antonio © Casterman

"J’attends de pied ferme les puristes"

Cet album est pour Michaël Sanlaville un laboratoire. Le dessinateur s'est demandé s'il était "capable de tenir les personnages, de concentrer ce récit qui part dans tous les sens en 88 planches de BD et de ne pas faire trop de concessions". 

"On ne peut pas faire tout rentrer", dit-il. Il ajoute, sourire aux lèvres: "J’attends de pied ferme les puristes". Les concessions concernent principalement le style de Frédéric Dard, truffé de digressions, de jeux de mots, de calembours et d'argot. "Tout ça, en BD, n’existe plus trop. Le dessin doit prendre le relais", explique-t-il.

Michaël Sanlaville a donc adopté un style tout en rondeur, très influencé par les mangas et le cinéma d'animation. Contrairement aux adaptations de polars comme Nestor Burman, il n'a pas choisi le noir et blanc, mais des teintes chatoyantes pour donner vie à un Lyon intemporel.

Le Lyon de San Antonio
Le Lyon de San Antonio © Casterman 2018

DSK vs. San Antonio

Un choix délibéré pour coller à l'esprit de Frédéric Dard: "Il fallait trouver un dessin assez efficace. Quand on ouvre un San Antonio, tu retrouves les personnages dans des scènes complètement tordues, loufoques, rocambolesques… J’ai envie que l’on retrouve ce plaisir avec le dessin".

Le récit n'est pas à prendre au premier degré, selon l'auteur: "Tout cet album est une blague, de l’entertainment", assure-t-il. Précaution importante puisqu'un personnage ressemblant comme deux gouttes d'eau à DSK occupe une place importante dans l'intrigue. 

San Antonio vs. DSK
San Antonio vs. DSK © Casterman 2018

"Un gros personnage libidineux et adipeux, c’est DSK"

Michaël Sanlaville s'en explique: "Le récit et la langue de Frédéric Dard sont riches en trognes et en gueules cassées. Ils sont décrits comme ça. Un gros personnage libidineux et adipeux, c’est DSK". Il ajoute:

"J’ai beaucoup lu Astérix. J’ai fait mes armes en recopiant les caricatures de Morris et Uderzo. DSK, c’est bien, mais je ne voulais pas qu’il prenne trop le pas, comme les Bogdanov dans Lastman. On ne voulait pas faire forcément parler d’eux, mais créer des personnages marrants. Ce sont des clins d’œil. Je préfère qu’on ne les remarque pas".

Michaël Sanlaville a fidèlement représenté DSK, mais insiste pour dire que "ce n’est pas lui". L'album est truffé de figurants tout aussi prestigieux comme Bourvil, Alain Delon (pour San Antonio) et Philippe Bouvard. Même Gérard Depardieu et Eric Zemmour font des apparitions remarquées. Maintenant que son album est sorti, Michaël Sanlaville n’a qu’une seule envie: retrouvez rapidement ce joyeux cirque pour faire des BD San Antonio un rendez-vous annuel.

San Antonio & les gones, Michaël Sanlaville (dessin et scénario), Casterman, 16 euros. 

Depardieu, DSK et Zemmour dans San Antonio
Depardieu, DSK et Zemmour dans San Antonio © Casterman 2018
Jérôme Lachasse