Le Phare de Cordouan, le dernier à être habité, sera-t-il le monument préféré des Français en 2025?

Le phare de Cordouan en Gironde est cette année dans la sélection des monuments préférés des Français. - RIEGER Bertrand
On le surnomme le "Versailles de la mer", le "phare des rois" ou le "roi des phares". C'est dire si ce monument de 68 mètres de haut, situé sur le plateau de Cordouan, entre l'océan Atlantique et la Gironde, a un caractère majestueux. C’est d'ailleurs Henri III, dernier monarque de la dynastie des Valois, qui décide de sa construction sur le territoire de l'actuelle commune du Verdon-sur-Mer. Il en confie la réalisation à Louis de Foix, ingénieur également connu pour avoir été l'horloger de Philippe II d'Espagne. Il faudra plusieurs années, de 1584 à 1611 (sous le règne d'Henri IV, premier roi des Bourbons), pour voir ce phare veiller, altier, sur l’estuaire.
Classé monument historique depuis 1862, cette ancienne tour à feu est aussi et surtout le plus ancien phare français encore en activité, et le dernier à être habité toute l’année. Il se visite d'ailleurs au départ de Royan, d'avril à octobre.
Un patrimoine vivant
Si la concurrence est rude cette année — le joyau d'Aquitaine est opposé au Château de Chantilly pour la région Hauts-de-France, au Château de Chenonceau pour la région Centre-Val de Loire, à l'Amphithéâtre d’Arles pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ou encore à la Citadelle de Calvi pour la Corse —, il a cet avantage d'être un patrimoine encore bien vivant. En effet, quatre gardiens (qui se relaient) veillent jour et nuit sur le bon fonctionnement du groupe électrogène qui guide les marins vers Bordeaux ou le grand large.
Inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2021, Cordouan, aujourd'hui géré par le Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde (SMIDDEST), accueille près de 30.000 visiteurs par an, qui, tous, en ressortent admiratifs. Tout comme le furent George Sand, Émile Zola ou Jules Michelet avant eux. Ce dernier dressait d'ailleurs son portrait avec ces mots en 1861 :
"On ne connaît pas assez ce respectable personnage, ce martyr des mers. [...] Cordouan est sur un écueil que l'eau ne quitte jamais. L'audace, en vérité, fut grande de bâtir dans le flot même, que dis-je ? dans le flot violent, dans le combat éternel d'un tel fleuve et d'une telle mer."