Supporter corse éborgné: le procès en appel du policier responsable de la blessure s'ouvre ce mardi à Troyes

Maxime Beux, le supporter de Bastia éborgné. - @AFP
Le procès en appel d'un policier condamné en première instance pour avoir éborgné Maxime Beux, un supporter corse, avec sa matraque lors d'échauffourées après un match Reims-Bastia en février 2016, a lieu à partir de ce mardi 7 octobre.
Lors du premier procès aux assises à Reims en 2022, il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, une décision dont il avait fait appel.
La défense avait à l'époque plaidé l'acquittement du gardien de la paix de 53 ans. "Certains considèrent que deux ans avec sursis, c'est cadeau. Nous, on considère que ce n'est pas justifié", avait déclaré maître Nicolas Brazy, l'un des conseils du policier.
Si le supporter blessé, 32 ans désormais, s'était satisfait du verdict en affirmant pouvoir enfin "passer à autre chose", ce nouveau procès auquel il a décidé d'assister "lui pèse", souligne auprès de l'AFP son avocat, maître Benjamin Genuini.
"À chaque fois qu'il y a un nouveau soubresaut dans cette affaire, il se replonge dans ce traumatisme. Il aimerait qu'enfin justice lui soit rendue, cette fois de manière définitive", ajoute l'avocat.
Des violences avec une matraque télescopique
Le policier est jugé pour "violences avec usage ou menace d'une arme suivies de mutilation ou infirmité permanente". Les faits remontent au 13 février 2016, lorsque des tensions entre supporters et policiers éclatent dans le centre-ville de Reims, au terme d'un match à domicile de Ligue 1 remporté par Bastia.
Après avoir essuyé un jet de fumigène avec ses collègues, l'accusé se lance à la poursuite d'un supporter corse qui vient de porter un coup sur le capot de sa voiture. Une fois qu'il l'a rattrapé, le policier le frappe à l'aide de sa matraque télescopique pour l'interpeller.
Malgré une plaie saignante à l'œil, Maxime Beux, alors âgé de 22 ans, est placé en garde à vue. Sa prise en charge par les secours n'intervient que plus d'une heure plus tard, et son œil gauche ne peut être sauvé. Il vit maintenant avec une prothèse.
Au procès en 2022, le policier avait exprimé des regrets, assurant que le coup de matraque visait initialement l'épaule de la victime. Une version différente de ses déclarations au cours de l'enquête, où il disait que le supporter s'était cogné sur un poteau.
Ces regrets étaient "indispensables", mais ils ont été "bien tardifs", estime maître Benjamin Genuini.
Le supporter originaire de Bastia, interdit de stade à deux reprises, en 2014 puis en 2017, aujourd'hui accompagnateur en montagne, a reconnu que le policier avait ainsi "fait un pas vers lui". L'accusé encourt de nouveau jusqu'à 15 ans de prison. Sollicité par l'AFP, son avocat n'a pas souhaité s'exprimer.