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Voisins, amis, camarades de classe... Quelle prise en charge psychologique pour les enfants qui connaissaient Lola?

Une cellule d'écoute et de soutien mise en place dans un lycée à Strasbourg (photo d'illustration)

Une cellule d'écoute et de soutien mise en place dans un lycée à Strasbourg (photo d'illustration) - JOHANNA LEGUERRE / AFP

Pour les camarades de classe, voisins et amis de Lola, la mort de cette fillette de 12 ans retrouvée dans une malle peut représenter un traumatisme à long terme.

Trois jours après l'enlèvement et le meurtre de Lola, une fillette de 12 ans dont le corps a été retrouvé dans une malle, les enfants - voisins, camarades de classe, amis - qui la connaissaient et la fréquentaient sont sous le choc. Comme Hafida, une amie de Lola, qui confiait à BFMTV: "Je me dis 'tout à l'heure je vais la voir dans la récré' mais non".

"Ça ne veut pas rentrer dans ma tête", ajoute-t-elle.

"Créer du lien"

Comment soutenir et accompagner les enfants, témoins direct ou indirect d'un événement aussi violent? Première étape de prise en charge: la cellule d'écoute psychologique, considère le psychiatre Maurice Bensoussan, président du Syndicat des psychiatres français et de l'Association française de psychiatrie.

"L'idée, c'est de créer du lien autour d'une situation traumatisante et de proposer un lieu d'échange, de parole ou de recueillement pour ne pas taire, ne pas mettre sous silence", analyse-t-il pour BFMTV.com.

Ce qui a été fait après la mort de Lola: une cellule psychologique a été mise en place pour les élèves et professeurs du collège Georges-Brassens à Paris où était scolarisée la fillette. Une autre cellule d'écoute, dédiée aux proches et voisins de Lola, a également été ouverte dans le XIXe arrondissement, où elle résidait.

La cellule d'écoute, "un point de départ"

Mais pour Maurice Bensoussan, si la cellule d'écoute est "un point de départ", elle n'est pas "une fin en soi". "Tous les enfants ne souffrent pas de la même manière, certains peuvent avoir besoin d'une prise en charge individuelle et d'un accompagnement plus durable." Un point de vue que partage Dominique Tourrès-Landman, pédopsychiatre et psychanalyste, qui estime que la cellule d'écoute psychologique présente des limites.

"Dans un groupe, tous les enfants ne vont pas forcément parler", observe-t-elle pour BFMTV.com.

"On peut aussi avoir d'autres médiations, comme le dessin ou la pâte à modeler pour les plus jeunes. Et en jouant, ils évoquent ce qui les préoccupe." D'autant que, selon Maurice Bensoussan, la réaction immédiate à un événement traumatique ne préfigure pas forcément des répercussions futures.

"Le traumatisme peut être violent"

Une mise en garde que partage la pédopsychiatre et psychanalyste Dominique Tourrès-Landman. "Les effets traumatiques peuvent se voir dans un second temps", note-t-elle encore.

"Sur le coup, il peut y avoir de la sidération. Ce n'est que plus tard qu'on voit les dégâts, en général dans les mois qui suivent."

Ce qu'elle a déjà pu observer avec de jeunes patients confrontés à une mort violente - en l'occurence un enfant victime du jeu du foulard. "Ils ont peur que ça leur arrive ou que ça arrive à l'un de leur proche, peur de sortir de chez eux, de rentrer seul de l'école. Le traumatisme peut être violent."

Des signes qui doivent alerter

Exactement comme l'ont évoqué les jeunes voisins de Lola. "Mon fils ne sort plus tout seul, il ne veut plus aller à la boulangerie tout seul", témoigne une mère de famille pour BFMTV.

"J'ai pas envie que ça m'arrive et j'ai peur", ajoute son fils.

Dominique Tourrès-Landman appelle ainsi parents, enseignants et adultes à la vigilance. Elle évoque certains signes qui doivent interpeller, comme des cauchemars à répétition, des troubles du sommeil ou des douleurs abdominales. "Les cauchemars à répétition sont le signe d'une tentative d'élaboration psychique, mais que la représentation de ce quelque chose déborde l'enfant."

Cette pédopsychiatre rappelle que l'effet traumatique peut aussi se traduire par le fait que l'enfant revienne sans arrêt sur l'événement, d'une manière ou d'une autre.

"Et souvent, quand on les écoute, il y a autre chose qui apparaît et s'ajoute, liée à leur propre histoire."

Le mieux, pour Maurice Bensoussan, c'est d'alerter le médecin traitant qui pourra évaluer les besoins de l'enfant et juger d'une éventuelle prise en charge en centre de psychotraumatisme. "Ce qu'il faut éviter, c'est le mauvais aiguillage ou un aiguillage insuffisant."

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV