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VIDÉO - Pas de fumoir ventilé, présence de mineurs… à Paris, des bars à chicha s’arrangent avec la loi

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BFM Paris a enquêté sur les pratiques des bars à chicha dans la capitale. Malgré la réglementation, de nombreux établissements à Paris n'ont pas de fumoir séparé ni ventilé. D'autres s'affranchissent de la loi en laissant fumer des mineurs.

Bars lounge ou salons de thé... les établissements proposant de fumer le narguilé sont nombreux à Paris. Tous tombent sous le coup de la législation antitabac et doivent respecter plusieurs obligations. Comme la loi l'exige, les bars à chicha ne peuvent proposer de fumer le narguilé que dans un fumoir.

C'est ce que propose dans son établissement, Ahmad Elharake, dans le 11e arrondissement de Paris. "Cette salle pour 25 personnes a des portes et des sorties de secours, tout est dans les normes", détaille le responsable de ce salon. La salle, située au fond de son établissement dispose aussi d'un extracteur de fumée, un équipement obligatoire. 

"Je peux prendre une amende"

Selon la législation et le code de la santé publique, ces fumoirs ne doivent pas présenter une superficie de plus de 20% de la taille totale de l'établissement. Pourtant, dans de nombreux établissements visités par notre équipe, c'est souvent un nuage de fumée qui accueille le client qui franchit la porte. Le narguilé est fumé à l'intérieur, dans une salle qui n'a rien du fumoir exigé par la loi. Dans l'un des établissements où nous nous sommes rendus, le patron nous assure qu'il est conscient des risques. 

"Normalement ici on n'a pas le droit de fumer. On peut fumer dehors et dans le fumoir, je peux prendre une amende. Si j'ai une fermeture administrative, c'est un problème pour moi et mes employés", admet-il. 

Les contrôles de ces commerces sont placés sous la responsabilité de la préfecture de police. Si les établissement peuvent risquer une fermeture administrative, l'amende n'est en revanche "pas si dissuasive" selon l'avocat Gérard Haas. 

"L'établissement parce qu'il n'aurait pas respecté les règles fait l'objet de sanctions qui sont de 4e classe, qui sont de 750 euros", explique-t-il. En revanche, "si l'utilisateur est surpris en train de fumer dans un bar à chicha dans une zone qui n'est pas respectée il pourra être sanctionné avec une contravention de 3e classe, c'est-à-dire de 450 euros".

Des mineurs acceptés

Dans certains établissements, le problème vient aussi du public accueilli: des mineurs. Par téléphone, nous tentons de faire une réservation pour un groupe d'adolescents entre 16 et 17 ans. Pas de problème pour le gérant de l'établissement au bout du fil. "S'ils sont accompagnés d'un adulte, ça peut passer", nous confirme-t-il. 

Pourtant, la vente de tabac étant interdite aux mineurs qui n'ont normalement pas le droit de fumer dans un bar à chicha. 

Dans le 5e arrondissement qui compte une dizaine d'établissements de ce type, la maire demande l'application de la loi. "L'idée n'est pas de stigmatiser ce genre d'établissements, par contre de demander à ce que ce type d'établissements respectent strictement les règles qui sont applicables aux autres bars (...). On a une réglementation de droit commun qui s'applique indifféremment pour les bars qui voudraient autoriser leurs clients à fumer et pour les bars à chicha", souligne Florence Berthout. 

Les professionnels déplorent que malgré leurs demandes, la loi n'ait pas été révisée pour leurs commerces, différents des bars classiques. 

William Helle, avec Carole Blanchard