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VIDÉO - Parloirs sauvages, jets de projectiles… les riverains de la prison de la Santé à bout

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Six mois après la réouverture de la prison de la Santé, les riverains se plaignent de nuisances sonores et d'incidents en tout genre, des jets de projectiles à des dégradations. Malgré le renforcement d'opérations de police, rien ne change selon eux.

Dans le 14e arrondissement de Paris, le quotidien des riverains de la prison de la Santé est rythmé par les cris des détenus. Depuis la réouverture de la prison après travaux en janvier dernier, ils se plaignent de nuisances quotidiennes. Du matin au soir, insultes, cris fusent depuis les fenêtres des détenus et résonnent dans toute la rue.

"Hier soir c'était impressionnant, on se demandait ce qu'il se passait, explique une riveraine. Les nouvelles constructions, contrairement aux anciennes qui étaient en pierre meulière, sont lisses. Ce qui fait que le résultat se répercute beaucoup plus."

Outre le bruit venu de la prison, les voisins de la Santé doivent aussi subir les nuisances des proches des prisonniers. Un individu a par exemple pris l'habitude de s'arrêter en voiture au pied de la prison et de klaxonner en pleine nuit pour communiquer avec l'un des détenus. 

"On voit de l'argent circuler contre des petits paquets"

Les riverains, qui ont filmé ces allers et venues sont aussi inquiets des agissements des prisonniers du quartier de semi-liberté. Des comportements, également filmés par des caméras de vidéosurveillance des immeubles. 

"Ils s'amusent à rentrer à casser tout, ils avaient pris des extincteurs à chaque étage et ils ont arrosé toutes les voitures. Ils picolent, ils fument. On voit de l'argent circuler contre des petits paquets", poursuit cette habitante. 

Sa voisine à l'étage supérieur dénonce également les nuisances visuelles. Ses fenêtres donnent presque directement sur celles des cellules de détenus. "Je n'ose même pas ouvrir les stores, parce qu'il y a quand même beaucoup de vis-à-vis, surtout l'été", explique-t-elle. 

Projectiles et poubelles jetés depuis les cellules

Dans la rue, les riverains assistent aussi à des parloirs sauvages et des jets de projectiles.

"Je suis passé en-dessous et j'ai reçu un projectile d'une des cellules avec un liquide type liquide vaisselle ou vinaigre sur moi, au milieu de la rue. Les prisonniers jettent fréquemment dans la rue leurs poubelles", déplore Anne-Laure Peugeot, présidente de l'association des riverains de la Santé. 

Après la multiplication des plaintes, la police mène des actions de sécurisation aux abords de la prison plus fréquentes, mais toujours jugées insuffisantes pour les riverains. Du côté de la prison, le personnel pénitentiaire estime ne pas pouvoir "faire plus".

"On fait remonter les difficultés, les personnes qui rentrent en retard, qui rentrent en faisant du bruit. On communique ça au parquet, maintenant c'est une réponse judiciaire, disciplinaire qui doit être prise, ça n'est pas de notre ressort", assure Erwan Saoudi, délégué FO pénitentiaire.

Les voisins souhaiteraient une présence policière permanente et le réhaussement des murs par des écrans anti-bruits, semblables à ceux installés au bord des autoroutes. 

Sarah Wargny, Ariane Limozin avec Carole Blanchard