VIDEO - Anorexie, boulimie: "Il faut arrêter de dire que tout est dans la tête"

L'anorexie et la boulimie toucheraient jusqu’à 20% des jeunes français de 18 à 25 ans. - Benjamin Watson - Flickr - CC
"Il faut arrêter de dire que tout est dans la tête", lance au micro de BFMTV Pierre Déchelotte, professeur de nutrition à l’Inserm et co-auteur d'une étude sur les troubles alimentaires publiée mardi 7 octobre.
Si l'anorexie et la boulimie ont pendant longtemps été considérées comme des maladies psychologiques, des chercheurs français de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale ont réussi à prouver qu'une protéine produite par des bactéries dans l’intestin jouait un rôle dans ces troubles alimentaires.
"On a pris des bactéries intestinales, on a analysé leurs protéines avec une technique très fine et on a repéré cette petite protéine très fine qui ressemble comme deux gouttes d'eau à l'hormone de la satiété", explique le professeur. Cette petite protéine, la ClpB, renforce le phénomène de faim ou au contraire de satiété.
Une protéine coupe-faim
Une expérience a donc été menée sur des souris et le résultat laisse peu de place au doute. Sur BFMTV, Pierre Déchelotte explique: "Quand on a injecté cette petite protéine à des souris, ça leur a coupé l'appétit."
A l'inverse, des bactéries ne produisant pas cette protéine ont été injectées sur d'autres souris; leur appétit n'a subi aucun changement. Les données ont ensuite été vérifiées chez soixante patients.
Une étude déculpabilisante
En France, l’anorexie ou la boulimie toucheraient 5% à 10% de la population générale et jusqu’à 20% des jeunes de 18 à 25 ans et 15.000 personnes en mourraient chaque année.
Difficiles à détecter, cette étude pourrait bien aider à mieux diagnostiquer ces maladies et surtout à mieux les soigner. Ces résultats pourraient aussi déculpabiliser les malades; un trouble physiologique étant évidemment plus facile à admettre qu’un trouble psychologique.