"Une porte d'entrée": offrir des jeux d'argent aux enfants pour Noël, un cadeau empoisonné

Cette année, les jeux à gratter devraient à nouveau se faire une belle place sous le sapin. Nombreux sont les plus jeunes qui pourraient en recevoir. Concrètement, on parle potentiellement d'un enfant sur cinq, selon une étude de l'Autorité nationale des jeux réalisée début décembre. Celle-ci précise que Noël est la période la plus propice pour ce type de cadeaux.
"Souvent, ce sont les parents ou les grands-parents qui vont être l'origine du premier jeu, puisqu'il y a aussi toute la part de superstition qui peut entrer en compte", indique à BFMTV Élisabeth Gois, conseillère au centre d'information et de documentation jeunesse.
"On va faire gratter les enfants ou alors leur faire cocher les numéros au loto, en espérant pouvoir gagner."
Problème: ce genre de cadeau est loin d'être anodin. D'abord, du simple fait que les jeux d'argent et de hasard sont interdits aux mineurs. Ensuite, en raison des effets d'une telle activité pour ces derniers.
Plus on y est initié tôt, "plus on a de chances de développer par la suite une pratique à risque qui peut éventuellement déboucher sur une addiction", rappelle auprès de BFMTV le sociologue Thomas Amadieu, auteur de l'ouvrage "La fabrique de l'addiction aux jeux d'argent".
"Ce n'est pas un jeu d'enfant"
Et d'ajouter: "Cela peut être la porte d'entrée vers des formes de jeux qui vont être plus à risque comme les paris sportifs ou le casino." En conséquence, cette activité "ne doit pas être banalisée", insiste l'ANJ dans son étude, résumant son propos par cette formule: "le jeu d’argent, ce n’est pas un jeu d’enfant!"
En France, la pratique des jeux d'argent est aujourd'hui largement développée chez les jeunes. Plus d'un tiers des 15-17 ans déclarent avoir joué au moins une fois, selon une étude de l'ANJ datant de 2022. Certes, cette proportion est équivalente à celle observée en 2014, mais "la part des joueurs problématiques a, elle, très fortement progressé de 11,0 % à 34,8%", observe l'autorité.
Si les paris sportifs sont les plus prisés, Élisabeth Gois cite également les jeux de grattage, ainsi que "loot boxes", du nom de ces pochettes-surprises que l'on peut acheter dans certains jeux vidéos.