Un centre Emmaüs braqué près de Grenoble

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Les braqueurs ne sont pas solidaires avec les plus démunis. Ceux-là ont même presque fait tout le contraire de Robin des Bois. Un groupe de trois individus armés a braqué mardi matin un centre Emmaüs de Grenoble (Isère). Alors que le gérant de ce centre ouvrait le rideau métallique comme chaque matin vers 5h30, les trois hommes ont surgi et l'ont menacé avec une arme de poing afin qu’il leur donne accès au contenu du coffre-fort de l’association. Les braqueurs sont repartis avec leur butin de 6 000 euros, après avoir pris soin de casser tous les postes téléphoniques.
L'enquête a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Meylan.
« On n’est plus protégé par le nom de l’Abbé Pierre »
« Ça met en colère, ça fait mal au bide, déclare Benoit Guittard le responsable de ce centre Emmaüs, où vivent et travaillent 12 compagnons. On n’est plus protégé par le nom d’Emmaüs ou celui de l’Abbé Pierre. Les malfrats viennent se servir là où il y a de l’argent. Les compagnons vivent à la communauté, ici. Il y a donc un vrai sentiment d’insécurité qui s’installe. On se dit que l’argent n’a pas d’odeur mais n’a pas non plus de symbole quand on voit que les gens viennent se servir là où il y a de l’argent même quand c’est celui des pauvres ».
Des braquages de plus en plus fréquents
Ce n'est pas la première fois qu'une association caritative se fait attaquer. Il y a un peu plus d'un mois, à Sassenage, un autre centre de la région grenobloise avait déjà été cambriolé. Dans la nuit du 20 au 21 août, l'antenne de Parthenay (Deux-Sèvres) des Restos du Cœur avait été cambriolée pour la deuxième fois en un an. En avril, c'est un bus des Restos du cœur qui avait été vandalisé à Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme). Les exemples ne manquent pas.
Il est pour l'instant difficile de mesurer le phénomène. L'Observatoire national de la délinquance et le département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines (Paris-II Assas) n'ont pour l'instant pas étudié ces cas qui sont encore considérés comme marginaux.
« C’est plus simple de s’attaquer à une association qu’à une banque »
« C’est plus simple de s’attaquer à une association qu’à une banque, explique Stéphane Quéré, criminologue. On note un effet de déplacement depuis la grande période de casses dans les banques dans les années 80 avec "le gang des postiches". Depuis, les banques se sont renforcées et les braqueurs se sont tournés vers les bijouteries notamment qui sont aussi en train de se renforcer. On assiste donc à des braquages de proximité : la boulangerie du coin ou le bar-tabac et donc pourquoi pas des associations de ce type ».