Terrorisme : nos trains menacés ?

Selon le quotidien allemand Bild, Al Qaïda prévoit de s’en prendre à des trains en Europe. En France, les experts du sujet sont divisés sur la pertinence de la menace, mais estiment qu’il sera impossible de l’empêcher si elle est réelle.

Après les attentats dans des trains à Londres et Madrid, Al Qaïda s’apprête-t-il à recommencer ? Selon le quotidien allemand Bild, qui cite des sources proches des services secrets allemands, le groupe terroriste projetterait de s’en prendre à des trains en Europe sous la forme d'actes de sabotage sur les voies, dans les tunnels, ainsi que des bombes à bord même des trains.
L'Agence nationale de la sécurité américaine (NSA) aurait capté une conversation téléphonique il y a quelques semaines entre de hauts responsables d'Al Qaïda. Mais plusieurs sources en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et en Autriche se gardaient de tout alarmisme.

« Nous avons été prévenus »

Selon un responsable français, « les services français n'ont pas reçu de menace visant précisément la France, mais il y a des éléments d'inquiétude pour toute l'Europe du Nord ».
« Nous avons été prévenus mais nous n'avons eu aucun élément probant sur des menaces contre notre pays », affirmait ce mardi matin sur RMC Manuel Valls. « Ces menaces ne concernaient pas directement la France ». Toutefois, les mesures de surveillance ont été renforcées sur les voies de chemin de fer y compris en France, avec notamment des CRS dans le cadre du plan Vigipirate niveau Rouge.

« A prendre avec beaucoup de prudence »

Yves Bonnet ancien patron de la DST et Président du Centre International de Recherche sur le Terrorisme et l’Aide aux Victimes, ne croit pas vraiment à la menace. « Les informations sont à prendre avec beaucoup de prudence, surtout s’agissant du journal Bild, à scandale et dans lequel je n’irais pas chercher mes informations », déclare-t-il sur RMC. « Il ne faut pas répéter l’histoire du garçon qui criait sans cesse au loup. A force de multiplier les alertes qui ne sont pas fondées sur des bases solides, on fait courir dans tous les sens les services de sécurité, mais on ne rend service à personne ».

« La menace existe »

Pourtant, répond Pascal Boniface, « la menace existe ». Le directeur de l'IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques, rappelle que « dans le passé, il y a déjà eu des attentats dans les trains et il est techniquement plus facile de faire ce type d’attentats que dans un avion. Si on devait faire le même contrôle que pour les avions, la circulation des trains serait arrêtée. C’est une sorte de décalque de ce qu’il se passe dans les aéroports, avec comme signal ''vous avez fait ce que vous pouvez dans les aéroports, vous ne pourrez pas faire la même chose dans les gares'' ».

« On ne pourra pas l'empêcher »

Et si menace il y a, il ne faut pas se faire d’illusion, affirme Louis Caprioli. Pour cet ancien responsable de la lutte contre le terrorisme à la DST et consultant au cabinet de sécurité GEOS, la France ne pourra rien faire contre. « Si réellement il y a une menace, c’est une menace impossible à empêcher. Il faudrait des moyens au niveau des gares, des portiques de sécurité, des contrôles de bagages, une surveillance des voies impossibles à réaliser car il y a des milliers de kilomètres de voies. S’il y a vraiment un réseau terroriste qui veut faire des attentats, à moins d’être identifié en amont, on ne pourra pas l’empêcher, ou alors ce serait un miracle ».

M. Chaillot avec Barthélémy Bolo