Tags nazis : une expédition planifiée ?

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Les cours ont repris aujourd'hui dans le collège René Cassin d'Agde, dans l'Hérault. Au lendemain de la découverte d'une cinquantaine de croix gammées et autres tags à connotation raciste sur les murs de l'établissement, on en sait un peu plus sur les auteurs de cet acte qui a choqué les élèves, les parents et les professeurs.
Des actes organisés ?
Plusieurs éléments tendent en effet à montrer que ces tags n'ont certainement pas été inscrits par des petits imbéciles désœuvrés. Il faut tout d'abord avoir la taille d'un adulte pour pouvoir sauter les grilles du collège. Ensuite, les tags, méthodiquement disposés sur les murs, les portes, les piliers, et inscrits à hauteurs d'homme, comportaient des références très précises au nazisme : « Sieg Heil », écrit sans faute, le tristement célèbre 88 signifiant Heil Hitler. Enfin, le lieu n'a pas été choisi au hasard : situé place des enfants d'Izieu en mémoire aux 1200 enfants juifs et tziganes déportés au camp d'Agde en 1940, le collège porte le nom d'un des compagnons du Général de Gaulle, René Cassin.
Jean-Jacques Guyot, l'inspecteur d'académie se garde de tirer des conclusions hâtives, préférant laisser la justice faire son travail, mais « constate qu'il n'y a pas de fautes d'orthographe dans ces écritures. C'est très bien fait. C'est sûrement organisé, parce qu'on ne peut pas tagger comme ça l'ensemble d'un collège, sur la totalité des murs, sans avoir préparé son coup. On est visiblement sur autre chose qu'une très mauvaise plaisanterie de potache. »
En parler...
Dégoûtés, les élèves. Révoltés et abasourdis, les parents : on croît toujours que ça n'arrive qu'ailleurs, disent-ils. D'autant que le collège est un collège « sans histoire ». Les professeurs, eux, tout aussi choqués, ont décidé ce matin, après s'être longuement concertés, de parler aux élèves, d'expliquer l'abomination nazie, les camps de la mort, le racisme...
Pour Laurence, mère d'élèves de ce collège, « bien sûr, il faut en parler. Surtout dans une école laïque. Il faut expliquer ce qui s'est passé, responsabiliser les gamins et leur faire comprendre que ces graffitis portent atteinte à l'intégrité de populations. Ce n'est pas un sujet facile, surtout pour les enfants les plus jeunes, qui rentrent en 6ème cette année et qui étaient l'année dernière en CM2, dans un contexte protégé. Ceci étant, il faut aussi faire attention à ne pas les mettre en difficulté, à ne pas les effrayer ou les inquiéter. »
Hier, la ministre de la Justice Rachida Dati a annoncé que toute la lumière serait faite sur cette affaire, le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos s'est même rendu sur place.