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Société

Spanghero change de nom et redémarre sa production

Pour le redémarrage de son activité, La Lauragaise mise sur le choix des circuits courts et une surveillance sanitaire accrue. Ici, un abattoir en Roumanie.

Pour le redémarrage de son activité, La Lauragaise mise sur le choix des circuits courts et une surveillance sanitaire accrue. Ici, un abattoir en Roumanie. - -

L'entreprise au cœur du scandale des lasagnes à la viande de cheval redémarre officiellement mercredi, sous le nom "La Lauragaise". Si toutes les garanties semblent être prises pour ce nouveau départ, les clients ne sont pas au rendez-vous.

Ne l’appelez plus Spanghero. Si l’entreprise agroalimentaire de Castelnaudary, dans l'Aude, redémarre, c’est (presque) incognito, sous le nom « La Lauragaise ». L’entreprise a voulu laver son nom du scandale qui y était attaché depuis l'affaire des lasagnes à la viande de cheval.
Après une fermeture de plus d’un mois, cette nouvelle version de la société repart avec 95 salariés au lieu de 230. Mais si la société change de nom, elle change aussi de rythme de production. Son redémarrage tient plutôt du symbole, puisque les salariés vont travailler deux jours avant de retourner au chômage technique, faute de clients.
Cette reprise concerne en effet la production de plats cuisinés, en l'occurrence du cassoulet. La transformation de viande, l'autre activité traditionnelle de cette entreprise fondée en 1970 par Laurent Spanghero et son frère Claude avant d'être cédée en 2009 à la coopérative basque Lur Berri, est toujours à l'arrêt, faute de commandes. Laurent Spanghero se donne un trimestre pour retrouver des clients et relancer véritablement la production.

« On va faire le maximum pour avoir de la viande en circuit court »

Jérome Lagarde est délégué syndical Force Ouvrière, responsable du Comité d'entreprise. Il assure que « ce qui s’est passé ne se reproduira plus chez nous ». Au niveau des changements, le choix des circuits courts et une surveillance sanitaire accrue : « On ne va pas aller chercher de la viande en Lituanie. On va faire le maximum pour avoir de la viande en circuit court, des circuits en France ou proches de la France. Il n’y aura pas de négoce, ni d’achat à un prix bas pour une revente plus chère. Et les services vétérinaires sont là pour éviter de nouveaux problèmes, on est surveillés ».

« Nous allons privilégier les approvisionnements identifiés et de proximité »

« Tout vient de la provenance des matières premières, il faut être exigeant là-dessus », confirme Laurent Spanghero, qui a fondé, vendu, puis repris l'entreprise qui portait son nom. « Nous allons privilégier les approvisionnements identifiés et de proximité. Par exemple, ce matin nous recevons du porc qui vient du Tarn. Si d’aventure il fallait que la viande revienne de Roumanie, il faudrait d’abord identifier très correctement la provenance, les abattoirs. Il faudrait faire un travail d’investigation avant d’avoir la marchandise qui vient de là ».

« Produire une journée par mois, je n’appelle pas ça une reprise »

Pour le salarié (anonyme) rencontré par RMC, sa reprise du travail mercredi se fait dans « l’incertitude la plus totale ». A ses yeux, « repartir, ça sous-entend qu’on a des clients, ce que je ne peux garantir à l’heure actuelle ». Le salarié l’assure, le contraste entre les déclarations à la presse et la réalité est grand : « au départ, l’entreprise devait être reprise avec les clients, entre temps, ils sont partis. On se retrouve le bec dans l’eau ». Le redémarrage effectif de la production serait « une preuve, parce que si on produit une journée par mois, je n’appelle pas ça une reprise ».

Sauver 90 des 230 salariés|||

Le 5 juillet, Laurent Spanghero et ses deux partenaires financiers, un promoteur immobilier de Narbonne Jacques Blanc et la société Investeam, avaient obtenu du tribunal de commerce de Carcassonne de reprendre la société. Ils se sont engagés à sauvegarder 90 des 230 salariés pendant au moins deux ans. Ils ont recruté depuis cinq autres personnes pour pourvoir à des postes précis.
Désireux d'abandonner un nom discrédité par le scandale de la viande de cheval, qui a entraîné la désaffection des clients de la société, les repreneurs avaient envisagé de nommer la nouvelle société "Saveurs occitanes", un nom déjà déposé, avant d'opter finalement pour "La Lauragaise", en référence à la région d'implantation de l'entreprise.

Claire Béziau, avec Martin Bodréro et AFP