Sans enfant à 35 ans: comment Myriam déjoue l'horloge biologique et la pression sociale

À 36 ans, Myriam n’a pas d’enfant. Elle n’exclut toutefois pas d’en avoir. Mais comme d’autres trentenaires, l’occasion pour elle ne s’est pas encore présentée. Faute d’avoir trouvé le bon partenaire, elle a alors pris les devants pour maximiser ses chances d’être mère un jour.
L’an dernier, elle est partie à Barcelone faire congeler ses ovocytes. La ponction et les déplacements lui ont coûté 4000 euros: le prix à payer pour conserver ses ovocytes jusqu’à ses 49 ans. Pour autant, Myriam ne se voit pas mère à 50 ans. Cette opération lui permet simplement de gagner "quelques années".
Une baisse de la fertilité à 35 ans
De cette expérience personnelle, la journaliste en a fait une enquête. Son livre Et toi, tu t’y mets quand? est sorti en mai dernier. Le titre est évocateur: il souligne la pression sociale que les femmes subissent sur la maternité, notamment durant la trentaine.
"Nous faisons des études plus longues, nous entrons plus tard sur le marché du travail et nous nous stabilisons également plus tard", remarque Myriam Levain.
"Mais contrairement aux hommes, les femmes sont rattrapées par leur horloge biologique", souligne-t-elle. La journaliste fait allusion à une statistique sur laquelle s’accordent tous les médecins: à partir de 35 ans, la fertilité des femmes chute d’environ 30%.
"Tout simplement parce que leurs ovocytes commencent à décliner à la fois en qualité et en quantité", précise-t-elle.
Vaincre l’horloge biologique
Myriam Levain rappelle alors que la congélation des ovocytes existe. "Cette pratique est maîtrisée et autorisée par les médecins pour les femmes souffrant de pathologies affectant leur fertilité ou soignées par chimiothérapie." Mais la journaliste souhaiterait qu’elle soit étendue à toutes les femmes. Pour l’heure interdite en France, une révision des lois de bioéthique est attendue au premier semestre 2009, notamment sur ce volet.
"Tous nos voisins européens quasiment l’ont autorisée. On fait un peu figure de retardataire", estime Myriam Levain.
"Il y a en plus une certaine hypocrisie qui consiste à savoir que des femmes le font à l’étranger mais à ne pas l’autoriser dans notre pays. Ce serait quand même plus simple de pouvoir le faire dans sa ville, avec son médecin", poursuit-elle.
Une pétition du collectif Bamp!, adressée au Président et au gouvernement, réclame également le droit à l’autoconservation des ovocytes.
Contre nature?
Comme pour chaque sujet en lien avec la bioéthique, il y a bien sûr de farouches opposants. À ceux-là, Myriam leur répond: "On brandit toujours l’argument de la nature quand il s’agit de la maternité. Mais on ne le brandit jamais quand il s’agit de faire des progrès en médecine, concernant une greffe de rein, de cerveau ou de cœur par exemple… Là, on est toujours très content. Alors pourquoi on ne s’en servirait pas pour justement reculer un peu l’âge de la maternité?"
D’après la journaliste, quelque chose ressort régulièrement chez les détracteurs: ils n’ont jamais eu de problème à avoir un enfant. "Toutes les personnes qui savent que ce n’est pas simple sont beaucoup plus ouvertes à cette question-là", conclut-elle.