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Eglise: la "révolution culturelle" du pape François

Le pape François saluant la foule place St Pierre, à Rome, le 18 septembre 2013.

Le pape François saluant la foule place St Pierre, à Rome, le 18 septembre 2013. - -

Le pape François recommande à l'Eglise d'"accompagner" les personnes homosexuelles et les divorcés "avec miséricorde". Le spécialiste des religions Michel Cool évoque sur BFMTV cette "révolution culturelle".

Dans sa première interview depuis son élection, le pape François déclenche une "révolution culturelle" au sein de l'Eglise catholique, en recommandant d'"accompagner" les personnes homosexuelles et les divorcés "avec miséricorde". Michel Cool, auteur de François, pape du Nouveau Monde et spécialiste des religions, décrypte pour BFMTV les propos du pape.

Le pape François brise-t-il un dogme?

Non, il ne brise pas de dogme, mais il déclenche une révolution culturelle. C'est un peu le "grand timonier", l'artisan d'une nouvelle façon, pour l'Eglise, de communiquer avec le monde, avec la société.

C'est aussi une invitation à ce que les chrétiens témoignent, sans arrogance mais avec des arguments, de ce qui les anime.

Quel est son objectif?

C'est un homme qui a le sens de la communication, on l'a vu dès son apparition sur la loggia le jour de son élection. Mais c'est quelqu'un qui est sensible au fait qu'il y a beaucoup de gens dans le monde, dans nos sociétés, qui sont un peu désemparés. Il compare d'ailleurs l'Eglise, dans l'entretien qu'il a donné, à un hôpital de campagne.

L'idée c'est de se demander ce que l'Eglise peut faire pour aider les gens qui ont des soucis, qui sont au chômage, qui ont des problèmes avec leurs enfants. Comment être davantage auprès d'eux, les écouter davantage et les aider à vivre le plus humainement possible, des situations inhumaines. C'est un peu ça le but. C'est le pape de la miséricorde. Il a le souci, avant de juger, de condamner ou d'édicter des dogmes, d'être aux côtés des gens. Il l'a montré récemment à Rio, en allant dans une favela.

S'agit-il de rassembler l'Eglise?

Oui, autour des fondamentaux du christianisme. On a longtemps pensé que le christianisme était une morale. Or, le pape François dit que ce n'est pas une morale, c'est une façon d'être humain. C'est là qu'il y a révolution culturelle, car cela doit amener à de nouveaux comportements, à une nouvelle manière de communiquer, de parler et d'agir dans le monde.

Comment ses propos vont-ils être perçus?

Cela va faire grincer des dents sur l'aile traditionnaliste de l'Eglise, qui est un peu perturbée par ce pape qui bouscule le protocole. De l'autre côté, on sent une grande respiration de beaucoup de catholiques, qui sont heureux qu'on "rouvre les fenêtres de l'Eglise", selon les mots de Jean XXIII. Non pas pour bénir tout ce qu'il se passe dans le monde et dans la société, il ne faut pas s'attendre à ce que l'Eglise soit d'accord avec tout ce qui se fait et se vit, mais pour dialoguer davantage, et surtout accompagner les personnes en difficulté en tous domaines.

M.R.