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Real Women Project: l'expo des photos non retouchées

Marie et Ophélie ont pour ambition de "faire changer le regard que les femmes ont d'elles-mêmes, ce dur regard imposé par les diktats, la mode, la pub".

Marie et Ophélie ont pour ambition de "faire changer le regard que les femmes ont d'elles-mêmes, ce dur regard imposé par les diktats, la mode, la pub". - Ophélie Longuépée

Le "body positivisme" arrive doucement en France. Venu des Etats-Unis, ce mouvement veut contribuer à l'acceptation de son corps. Trois jeunes Bruxelloises profitent de cet élan pour faire l'éloge des corps féminins, dans une série de photographies non retouchées.

Bourrelets, vergetures, cicatrices et plis. Voilà ce qu'on peut voir dans "Real Women Project", un projet photographique bruxellois. Bien loin des couvertures de magazines habituellement retouchées, ce projet souhaite contribuer à l'acception de soi, et en particulier du corps féminin, sans retoucher ces imperfections.

Leur ambition? "Sublimer le corps de vraies femmes", expliquent-elles, mais pas tout à fait de la même manière que les magazines de la presse féminine.

"Pour que chaque femme s'identifie et se dise qu'au final elle est normale et belle", indique Marine Eloy, une des modèles.

Ce projet a germé dans la tête de trois jeunes femmes belges, Marie Brabant, Sybille Wallemacq et Ophélie Longuépée. La première est maquilleuse, la deuxième est créatrice de la boutique éphémère "slow TRUC" et la troisième est photographe professionnelle. 

"Les femmes des magazines seront des vraies femmes le jour où elles ne seront pas retouchées"

"L'idée est venue d'une discussion à propos de l'inadéquation entre les corps des magazines et de la réalité des 'vraies' femmes. Les filles disaient qu'elles n'arrivaient pas à acheter des vêtements sur internet, car elles ne se reconnaissaient dans les mannequins", raconte Ophélie Longuépée.

Il faut dire que, selon une enquête, les filles se jugent souvent trop grosses (35,4 %), et un quart des jeunes filles estime "avoir besoin de perdre du poids". Avec l’avancée dans la scolarité, les filles sont de moins en moins satisfaites de leur poids, selon l'enquête Health Behaviour in School-aged Children, sur la perception qu’ont les 11-15 ans de leur santé.

Le manque de confiance en soi chez les jeunes filles et "le désir de corps irréels"

De ce point de vue, l'évolution des mentalités est récente et est parfois portée par le mouvement "body positive". Cela a vraiment démarré en 2017, et aux Etats-Unis, en étant "repris dans la publicité par quelques marques américaines comme Reformation, Glossier ou le media Refinery 29", décrit Aurore Guy-Rubin, psychiatre spécialisée dans les Troubles du comportement alimentaire. 

Si il a été lancé par des femmes adultes, la confiance en soi, fait également défaut aux jeunes femmes. Elles sont de plus en plus jeunes à ne pas s'accepter.

"On peut signaler qu'il existe une part croissante de jeunes voire de très jeunes filles qui souffre d'insatisfaction corporelle", explique Aurore Guy-Rubin. "On entend souvent en consultation des femmes qui ont le désir de corps irréels, soumises aux images incessantes retouchées ou non de corps peu réels, peu sains ou tout simplement très rares", ajoute la psychiatre.

L'association féministe Chiennes de garde, qui se bat régulièrement contre le sexisme dans la publicité, confirme ce mal-être: "la projection de ces lectrices (de magazines féminins, NDLR) quant à leur corps en comparaison de ceux des mannequins leur pose un problème". Rappelant "que désormais les magazines ont obligation de noter la mention "photos retouchées" sur celles-ci".

"Sans maquillage, sans retouche, sans artifice"

Du côté des trois Belges portant le projet "Real Women Projet", une première séance photo, avec des femmes actives de Bruxelles, a été organisée le 30 avril 2018. Les créations sont aujourd'hui exposées dans le salon de beauté éthique Idyl, dans la capitale belge, jusqu'au 21 septembre.

"On a d'abord fait un premier shooting, avec des entrepreneuses actives à Bruxelles. Sans maquillage, sans retouche, sans artifice, juste pour montrer la beauté et la diversité des corps dans le plus simple apparat, le tout avec un regard doux, esthétique et bienveillant!", ajoute la photographe.

Une deuxième exposition de prévue en septembre

Le projet plait, ce qui motive ces ambassadrices du love yourself (aimes-toi toi-même, NDLR), à mettre en place un deuxième shooting, le 9 juillet. Elles parviennent à trouver de nouveaux modèles en publiant un message sur leur page Facebook.

"On a fait une sorte de casting sur internet, et on a choisi les femmes en fonction des réponses qu’elles ont donné à quelques questions. C'était dingue car du coup la RTBF est venue faire un reportage", se félicitent-elles. 

Une deuxième exposition doit donc avoir lieu, avec les mêmes objectifs. "Elle est prévue le 22/23 septembre, dans l'espace Vanderborght, dans le centre de Bruxelles pour l'événement "slow fashion market"!", ajoute Ophélie.

Et le projet se prolonge sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram. "Ce réseau reste idéal pour partager de l'image", explique la photographe, qui publie également régulièrement des petites phrases prônant l'acceptation de soi. 

Pour les hommes, les trois entrepreneuses y songent, car "mine de rien, eux aussi sont de plus en plus confrontés à des diktats imposés par la pub", admet Ophélie.

Le corps des femmes "sans maquillage, sans retouches, sans artifices, juste pour montrer la beauté et la diversité des corps dans le plus simple apparat, le tout avec un regard doux, esthétique et bienveillant!".
Le corps des femmes "sans maquillage, sans retouches, sans artifices, juste pour montrer la beauté et la diversité des corps dans le plus simple apparat, le tout avec un regard doux, esthétique et bienveillant!". © Ophélie Longuépée
Nina Gambin