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Société

Privés de récréation à cause des tirs de la cité

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A Sevran (Seine-Saint-Denis), le maire réclame la présence de l'armée 24h/24 pour l'aider à lutter contre les trafiquants de drogue. A l'école primaire Montaigne, la direction supprime des récréations pour protéger les enfants des tirs venant de la cité voisine. Reportage.

C'est un véritable appel au secours qu'a lancé hier jeudi Stéphane Gatignon, le maire écologiste de Sevran (93). Impuissant face à l'explosion du nombre de trafics de drogue et règlements de compte en tous genres dans sa commune, il réclame à l'Etat l'envoi d'une « force d'interposition » permanente. L'armée, voire des « casques bleus. On a déjà l’hélicoptère, la police, et ça ne suffit pas », dit-il, résigné. Certains quartiers seraient devenus de véritables ghettos où, selon leurs habitants, les centres d'animation ont dû fermer et les animateurs municipaux auraient déserté.

Mercredi encore, des échanges de tirs avaient lieu à quelques mètres de l'établissement

Parfois, la situation frôle l'incroyable. A l'école primaire Montaigne, où RMC s'est rendue hier, la direction en est venue à priver de récréation les 600 élèves de l'établissement. Motif: ces deux derniers mois, les enfants qui se trouvaient dans la cour ont essuyé des balles perdues en provenance de la cité voisine. Les enseignants ont donc préféré confiner les élèves dans les classes. Pas plus tard que mercredi, des échanges de tirs avaient encore lieu à quelques mètres de l'établissement, fréquenté par des petits habitant les quartiers de Montceleux et de Pont-Blanc. Il y a quatre ans, dans une école voisine, une balle avait traversé une salle de classe en plein cours, sans - par miracle - faire de victime. Encore une fois, il s'agissait d'un règlement de compte. La plupart du temps, ils sont le fait de dealers qui se disputent les halls ou les coins d'immeuble où la drogue est échangée.

Les affrontements se font désormais à l'arme de guerre

La présence de deux cars de CRS, stationnés depuis peu devant l'école Montaigne, ne les dissuade manifestement pas. Il faut dire que désormais, les affrontements se déroulent à coups d'armes de guerre. Selon les habitants, c'est d'ailleurs la hausse du degré de violence qui a eu le « mérite » d'obliger les pouvoirs publics à réagir aux pratiques de commerce souterrain. La police elle-même ne se montre guère optimiste sur les moyens de lutter contre le développement du trafic de drogue à l'origine de ces échanges de tirs. Christophe Ragondet, du syndicat de police Alliance, juge que « tant que le risque encouru est jugé par les délinquants comme étant minime par rapport au bénéfice escompté de la vente, une équipe en remplacera une autre ».

La Rédaction et C. Martelet