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"On avançait plus vite à pied qu'en voiture": la nuit de galère des automobilistes après l'éboulement en Savoie

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Après un éboulement samedi sur la RN90, qui mène aux stations de ski de la Tarentaise en Savoie, des centaines d'automobilistes se sont retrouvés bloqués dans des embouteillages. Environ 1.500 personnes ont été accueillies dans les hébergements d'urgence proposés par la préfecture dans la nuit.

Un éboulement ce samedi 1er février sur la RN90, route qui mène aux stations de ski de la Tarentaise en Savoie, en a perturbé fortement l'accès, immobilisant des milliers d'automobilistes dans d'importants bouchons.

La nuit a été difficile pour beaucoup de conducteurs: le trafic a vite été saturé face aux embouteillages provoqués par l'éboulement et la déviation mise en place pour rediriger le flux des voitures, causant des heures d'attente. Certains ont donc décidé de prendre une pause et ont fait escale cette nuit sur le parking de l'aire de Moûtiers. Comme cette automobiliste qui témoigne auprès de BFMTV: "on est restés huit heures dans les bouchons. C'était bouchon sur bouchon. On avançait plus vite à pied qu'en voiture", assure-t-elle.

Une famille qui voyageait avec une petite fille de sept mois s'est aussi arrêtée à Moûtiers: "c'était dur, elle a beaucoup pleuré, c'était très, très long pour elle", explique sa mère à BFMTV.

"On a appelé plusieurs hôtels, mais pas possible, tout est complet. Ça devient une galère, surtout avec des bébés", déplore-t-elle.

Un plan d'hébergement d'urgence

Pour les centaines de personnes en difficulté samedi soir, la préfecture de Savoie a activé un plan d'hébergement d'urgence. À Albertville par exemple, un gymnase a été mis à disposition avec des lits et les habitants se sont aussi mobilisés pour héberger des naufragés. Environ 1.500 personnes ont été accueillies dans les hébergements proposés, a indiqué vers 8 heures la préfecture de Savoie.

Naama Rickel, jeune touriste israélienne de 19 ans, a passé une nuit très fraîche dans la halle olympique d'Albertville. "Vers minuit, notre chauffeur nous a juste déposés et a refusé de nous emmener ailleurs. Tous les lits étaient pris", a-t-elle raconté à l'AFP. Après une heure, elle a finalement trouvé un lit de camp libre, tentant de dormir malgré le bruit. "La lumière était allumée, c'était tellement bruyant", dit-elle. La jeune femme doit maintenant attendre un nouveau bus pour aller à Val Thorens, sa destination finale.

Pascale Cuvier, 48 ans, terminait un séjour d'une dizaine de jours à la montagne. Elle a pris la route vers 14h45, et à 21h30 faisait une pause au gymnase de Moutiers. "On habite en Touraine, on devrait être arrivé chez nous là", témoigne-t-elle à l'AFP par téléphone. Ils repartiront dans la nuit, en se relayant au volant: impossible pour son père de 74 ans de passer la nuit sur un lit de camp.

À Macot-La Plagne, au pied des stations, le maire Jean-Luc Boch a accueilli à la salle polyvalente "des gens d'un peu partout, des Britanniques, des Belges, des Français qui préfèrent ne pas prendre de risque et se retrouver coincés". "On s'occupe d'eux pour qu'ils puissent repartir ou dans la nuit, ou sur la matinée", a-t-il expliqué samedi soir: "ça se passe dans la bonne humeur".

Une automobiliste légèrement blessée

L'éboulement est survenu samedi peu après 10h30, à hauteur d'Aigueblanche, dans le sens Albertville-Moûtiers. Trois gros blocs de roche se sont détachés, d'un volume total de 50m3. Seule une automobiliste a été légèrement blessée, selon la préfecture de Savoie.

La RN90 est l'axe principal d'accès vers les stations des 3 Vallées, Tignes, Val d'Isère, La Plagne, Les Arcs ou encore La Rosière. Le trafic a dans un premier temps été complètement interrompu dans le sens de la montée, avant que la circulation ne soit rétablie dans les deux sens en début d'après-midi via un tunnel habituellement réservée à la descente. Les opérations de sécurisation de la falaise fragilisée sont en cours. Des purges (qui consistent à faire chuter les roches devenues instables) sont attendues dimanche, selon la préfecture.

Chantal Martin, maire de Moûtiers, commune à proximité du lieu de l'éboulement, explique ce dimanche sur BFMTV que le rétablissement d'une circulation fluide n'aura pas lieu dans l'immédiat. Ce dimanche matin, "les conditions de circulation se sont beaucoup améliorées par rapport à hier", mais elles "restent un peu tendues", affirme-t-elle.

"Cette chute a été conséquente sur un versant qui est déjà en voie de sécurisation. Bien évidemment, c'est la sécurité des automobilistes qui est privilégiée", ajoute la maire, qui "doute" que le problème soit réglé avant les vacances scolaires qui débutent pour la zone B vendredi.

Sophie Cazaux