Migrants: La situation se tend de nouveau à Calais

Neuf nouveaux migrants ont été interpellés au large de l’Angleterre après être partis de Calais, une journée à peine après que 17 migrants sont parvenus à traverser la Manche sur un bateau de pêche volé.

Neuf migrants ont été interceptés au large de la Grande-Bretagne à bord d'une petite embarcation dans la nuit de mardi à mercredi. "Vers 4h, une embarcation a priori de type semi-rigide transportant neuf personnes vraisemblablement parties de Calais a traversé vers l'Angleterre", a indiqué la préfecture maritime.

Le Samu 62 a averti le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez et des moyens ont été engagés, notamment un hélicoptère Dauphin de la marine nationale. L'embarcation a finalement été interceptée par les autorités britanniques au large de Douvres. Selon des secouristes, des enfants se trouvaient parmi les personnes à bord.

Environ 30 kilomètres séparent le cap Gris-Nez des côtes anglaises, une zone que des migrants tentent régulièrement de traverser.

Cette nouvelle traversée intervient 24 heures après que 17 migrants, dont trois mineurs, sont parvenus à traverser la Manche sur un bateau de pêche volé avant d'être interceptés près de Douvres, un mode opératoire inédit contrairement aux embarcations de fortune.

La veille, une traversée "inédite" de la Manche sur un bateau de pêche volé

Aux alentours de 1h ce mardi, les autorités françaises de surveillance des côtes ont repéré un bateau dans les eaux calmes du port de Douvres, empruntant une route “bizarre”. Alertée, la Border Force anglaise a intercepté le navire vers 2h avant de l'escorter à quai avec les gardes côtes, selon le parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et le Home Office.

“Quatorze hommes et trois mineurs, se présentant tous comme étant iraniens, ont été trouvés à bord”, a déclaré un porte-parole du Home Office, qui va traiter leurs dossiers “conformément aux règles sur l'immigration". Les trois mineurs ont été pris en charge par les services sociaux.

Grâce au signal émis par le bateau, le Cross a pu identifier le propriétaire du bateau, un trémailleur long d'une douzaine de mètres, parti vers 21h du port de Boulogne-sur-Mer. "J'ai été réveillé vers 1h du matin par le Cross, qui s'est aperçu que mon bateau était à Douvres et qu'il gênait le passage des ferries et me demandait ce qu'il faisait là", a raconté à l'AFP le propriétaire de l'Épervier, Pascal Deborgher, qui travaille avec trois marins. "J'ai répondu ‘non, il est accosté à Boulogne’, (...) je suis descendu immédiatement voir au port" où le bateau avait disparu, a poursuivi le patron de pêche de 58 ans, "très surpris et énervé" d'avoir perdu son outil de travail.

Selon lui, les portes du bateau avec lequel il était à couple ont été forcées. Environ 80 bateaux sont amarrés dans le port de Boulogne, majoritairement des chalutiers et des petits bateaux de pêche.

450 migrants évacués mardi à Grande-Synthe

Ces deux incidents s’inscrivent dans le cadre d’une montée des tensions à Calais depuis le début de la semaine. Ce mardi, 450 migrants ont été évacués d'une zone municipale à Grande-Synthe, lors d'une nouvelle opération.

Cette opération, menée par des CRS de 8h à 13h, a conduit à l'évacuation par bus de ces personnes qui se trouvaient sur le site dit de la Ferme des jésuites, près de la zone du Puythouck où des migrants installent régulièrement leurs campements. Parmi elles figuraient 267 hommes isolés, 17 mineurs isolés et des familles, a indiqué la préfecture du Nord. Elles ont été orientées vers une vingtaine de centres d'accueil dans les Hauts-de-France en fonction de leur situation.

Cette évacuation a pour origine "une décision d'expulsion du tribunal de grande instance de Dunkerque à la demande de la mairie de Grande-Synthe", a précisé la préfecture. Il s'agit de la septième opération de ce type en six mois à Grande-Synthe, qui enregistre des arrivées régulières de migrants désireux de rejoindre l'Angleterre.

Fin octobre, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait pourtant affirmé la "volonté de fermeté" du gouvernement pour que le campement ne se reconstitue pas "une énième fois", après l'évacuation de 1 800 personnes de la zone du Puythouck.

M.J. avec AFP