Menacé d'une taxe, Google envisage de ne plus référencer les médias français

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Qualifiée « d’extrêmement pertinente » par la ministre de la Culture Aurélie Filipetti, l’idée d’une taxe sur les moteurs de recherches Internet provoque la colère de Google. Le géant américain hausse le ton et menace, dans un courrier au gouvernement, de ne plus référencer les médias français s'il devait s'acquitter d'une quelconque taxe.
Les éditeurs français ont demandé en septembre au gouvernement un projet de loi pour que les moteurs de recherche, comme Google, les rétribuent via le versement de droits voisins, une sorte de prolongation des droits d'auteur, en cas d'utilisation indirecte de leurs travaux. Cela reviendrait pour Google à payer pour chaque lecture d'un article vers lequel il aura redirigé l'internaute.
Google « ne peut accepter » que l'instauration d'un tel droit « mette en cause son existence même et serait en conséquence contraint de ne plus référencer les sites français », écrit le groupe dans un courrier du mois d'octobre à plusieurs cabinets ministériels. De quoi faire trembler les rédactions, Google étant un élément essentiel de la diffusion sur Internet des médias et de leurs contenus. Il rappelle d’ailleurs qu'il « redirige 4 milliards de "clics" par mois vers les pages internet des éditeurs » français.
« Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement »
« Je suis un peu surprise par le ton de cette correspondance, qui s'apparente à une menace. Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement démocratiquement élu », a réagi dans la soirée Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication. Le cabinet de Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique, a annoncé par ailleurs qu'il recevrait Google vendredi.
Aurélie Filippetti s'était exprimée en faveur de ce type de taxe. « Parmi les outils qu'il me semble important de pouvoir développer, je pense qu'il y a cette idée de créer un droit voisin pour les éditeurs de presse - ce que l'on a appelé un peu facilement la "Lex Google" - qui me semble extrêmement pertinente », a déclaré mercredi la ministre de la Culture devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale. La Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) « y travaille », a-t-elle ajouté.
Pour Google, « en réalité, l'ambition de ce texte est d'interdire le référencement non rémunéré. Une telle loi aboutirait à limiter l'accès à l'information, à réduire le nombre de sites français référencés sur internet mais aussi à freiner l'innovation ». Le projet de texte actuel, « en soumettant le référencement à rémunération et punissant le défaut de versement de celle-ci de 3 ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende, ne ferait que multiplier les conflits et ralentir l'internet », écrit-il encore.