Mobilisation contre la loi travail: 23.800 manifestants en France

Les policiers ont chargé mardi à Paris des jeunes cagoulés et armés de bâtons, mêlés à des lycéens manifestant contre la loi travail. Au total, "148 interpellations sur l'agglomération parisienne (Paris et trois départements de la petite couronne)" ont été menées. Parmi elles "137 personnes ont fait l'objet de vérifications d'identité" avant d'être "libérées", tandis que "onze étaient en garde à vue", a précisé la police. "Des procédures sont engagées pour violences contre forces de l'ordre, jets de projectiles ou incendies volontaires", a ajouté cette même source. En marge de la mobilisation officielle, "150 personnes" s'en sont pris aux forces de l'ordre en fin de matinée, a ajouté la police.
23.800 personnes ont manifesté dans toute la France selon le ministère de l'Intérieur.
Gaz lacrymogènes contre jets de pierres
Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes puis chargé à plusieurs reprises, pour disperser des groupes de jeunes réunis place de la Bastille à Paris et qui jetaient des pierres, des bouteilles en verre et des oeufs, scandant "police partout, justice nulle part" et "tout le monde déteste la police". Sur le trajet, les commerçants ont précipitamment baissé leurs rideaux de fer.
A Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le hall du lycée Léonard-de-Vinci a été "détruit" par un incendie volontaire, selon le ministère de l'Education nationale, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête. Le ministère a décompté 34 lycées bloqués en France, contre quelque 170 lors de la précédente journée de mobilisation, sur les 2.500 établissements du territoire. Un chiffre très éloigné de celui de l'Union nationale lycéenne (UNL), qui en répertorie 150, dont une quarantaine en région parisienne.
Violences à l'encontre d'une proviseure
Selon un communiqué de l'académie de Paris, une altercation a éclaté devant le lycée Pierre-Gilles de Gennes, à Paris 13, après que "le fonctionnement normal de l'établissement" avait été rétabli. La proviseure a reçu un coup de pied dans le dos en tentant de séparer les élèves. Prise en charge par les pompiers, la proviseure passe des examens à l'hôpital de la Salpêtrière.
Le recteur de l'académie de la région Ile-de-France a exprimé sa "ferme condamnation de tous les actes de violences et agressions envers les personnels des établissements". Une plainte sera systématiquement déposée, est-il ajouté.
Des heurts en province aussi
En province, plusieurs centaines de personnes, jeunes ou salariés, ont défilé en matinée à Rouen (de 480 à 600), Marseille (1.500). Au Havre, où 1.200 personnes ont défilé, deux liaisons par ferry avec la Grande-Bretagne, de même qu'une escale d'un paquebot de croisière, ont été annulées.
A la gare de Rennes, plusieurs centaines de manifestants sont descendus sur les voies au niveau d'un pont situé à l'ouest de la gare, repoussés par quelques dizaines de membres des forces de l'ordre à grand renfort de gaz lacrymogène. Plusieurs trains sont restés bloqués à quai. Une demi-heure plus tard, les manifestants avaient quitté les voies, mais des heurts avec les forces de l'ordre se sont poursuivis juste au sud de la gare, au niveau de la prison des femmes. Le trafic ferroviaire était entièrement rétabli peu après 15h30, le temps pour des agents SNCF d'évacuer les débris laissés par les manifestants qui avaient tenté de dresser une barricade sur les voies.
A Nantes, au moins 1.600 personnes, selon la police, manifestaient. Moins d'une heure après le début de la manifestation vers 15h, les premiers incidents ont éclaté. Des manifestants ont jeté des projectiles vers les forces de l'ordre sur la place Graslin où se trouve l'opéra de Nantes. Puis les manifestants se sont dirigés vers le cours des Cinquante-otages et certains d'entre eux ont tenté de pénétrer dans le siège local du Parti socialiste en en sciant, à l'aide d'une meuleuse, les grilles métalliques. Deux manifestants ont été interpellés et le défilé se poursuivait plus au nord du centre-ville en milieu d'après-midi.