CGT et FO unis pour faire la fête à la loi Travail

Le projet de loi travail, qui sera examiné dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir de mardi et voté le 17 mai, aura le mérite de rassembler un 1er mai FO et CGT, une première depuis 2009.
Les secrétaires généraux Philippe Martinez (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO) vont cheminer côte à côte à Paris à partir de 15H00 de Bastille à Nation pour réclamer "le progrès social et le retrait de la loi travail". Les leaders de FSU, Solidaires et des organisations étudiantes (Unef) et lycéennes (UNL et FIDL) seront aussi présents. Des manifestations et rassemblements sont prévus partout en France.
Dans la matinée, Jean-Claude Mailly se rend au Mur des Fédérés au cimetière du Père Lachaise en hommage à la Commune, une tradition de FO, avant un apéritif républicain en fin de matinée place Gambetta, dans le 20e arrondissement à Paris.
De leur côté, les réformistes (CFDT, CFTC et Unsa) se retrouvent entre eux dans la matinée, au cours de tables rondes, dont l'une porte sur la loi travail qu'ils soutiennent. Pour ce camp, pas question "demander le retrait d'un texte porteur de progrès pour les travailleurs", rappelle Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT qui loue, entre autres, la mise en place du compte personnel d'activité (CPA) prévue dans cette loi.
Nuit debout en guest star
Le 1er mai cette année prend une tournure spécifique avec l'avènement de "Nuit debout", lancé au soir du 31 mars, jour de la plus grosse mobilisation contre la loi travail (390.000 personnes dans 250 villes, selon les autorités; 1,2 million selon les organisateurs). Dimanche, des responsables syndicaux ont prévu de se rendre place République, mais pas les numéros uns.
Jeudi, Philippe Martinez y est intervenu pour la première fois, pour évoquer la "convergence des luttes", à un moment où 63% des Français estiment que ni Nuit debout, ni les syndicats, ni les partis ne sont "en phase avec les salariés", selon un sondage Odoxa publié vendredi. En revanche sept Français sur dix considèrent que "la lutte des classes est une réalité en France".
Peur des débordements
Jeudi, la quatrième journée nationale d'action contre la Loi travail lancée par certains syndicats et organisations de jeunesse avait dégénéré à Paris et dans plusieurs autres villes. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a adressé samedi aux préfets un télégramme détaillant les mesures à prendre afin d'éviter les débordements ce 1er mai, alors que syndicats et gouvernement se renvoient la balle des responsabilités des violences.
William Martinet, président de l'Unef, a reconnu que les organisateurs des manifestations devaient "faire plus" pour sécuriser les cortèges. Le Parti de Gauche a de son côté demandé samedi "des comptes" à Bernard Cazeneuve face à une "escalade de la violence" policière lors des manifestations, appelant à l'abandon des lanceurs de balles de défense.
La journée des travailleurs, célébrée dans de nombreux pays, est née à Chicago en 1886 à l'initiative d'un mouvement syndicaliste réclamant la journée de travail de huit heures.
Mais "c'est d'abord un jour férié aujourd'hui et le sens historique ou politique est perdu. C'est lié à la baisse de la représentativité syndicale dans toutes les entreprises, pas qu'en France", relève Sylvain Niel, avocat spécialiste du droit du travail.
L'année dernière, les rassemblements du 1er mai avaient réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants (110.000, selon la CGT, 76.000 selon la police) un peu partout en France, dont 9.000 à 12.000 à Paris.