Malaise à gauche après les accusations de Delphine Batho

Les propos de Delphine Batho ont mis dans l'embarras plusieurs députés socialistes. - -
Delphine Batho a vidé son sac. L’ex-ministre de l’Ecologie a fait le point sur son limogeage hier jeudi en affirmant n’avoir jamais manqué à la solidarité gouvernementale et a mis en cause, avec virulence, Jean-Marc Ayrault, qui arbitre les budgets « sans discussion directe avec les ministres concernés ».
L'ex ministre a ensuite accusé des lobbies, « certaines forces économiques », liées notamment au gaz de schiste et au nucléaire, d'avoir voulu sa tête.
A peine quelques minutes après sa conférence de presse à l'Assemblée nationale, le ministre du Budget Bernard Cazeneuve lui a aussitôt rétorqué que c'était elle qui n'avait pas demandé de réunion d'arbitrage sur son budget et dans la soirée, Matignon a réfuté ses accusations. Mais dans les rangs de la majorité, les avis sont partagés.
« Elle renvoie un sentiment qu’on a senti dans le groupe PS »
Pour le député PS de l'Essonne Malek Boutih, l’ex-ministre a eu raison de garder la tête haute et dire ce qu’elle avait à dire. « Je l’ai trouvée digne, émouvante, ça m’a redonné un peu de fierté d’être à gauche quand je vois une femme comme elle », explique ce proche de Delphine Batho. « Je pense qu’elle représente tout ce que notre génération envie, des gens qui ne baissent pas la tête, qui restent au combat. Elle renvoie un sentiment qu’on a senti dans le groupe socialiste : plus les choses deviennent difficiles politiquement, moins on demande leur avis à ceux qui participent à ce combat ».
« Ce n’est pas la réalité des faits »
Malheureusement, tout ce qu’elle a dit ne serait pas forcément vrai, estime Thierry Mandon, député de l'Essonne et porte-parole du groupe PS. « Je pense qu’on ne gagne jamais rien à parler avec un peu de colère. Elle essaye de transformer son renvoi du gouvernement en démission volontaire, ce ne sont pas tout à fait les faits. Elle explique qu’elle s’est faite renvoyer parce que les lobbies auraient eu sa tête, en même dit elle a dit qu’elle a démissionné parce qu’il y a un tournant de rigueur. La vérité, c’est qu’elle essaye de donner un contenu politique à son renvoi en le présentant comme une démission. Ce n’est pas la réalité des faits ».
« Le monde des bisounours ? »
Le socialiste Jérôme Guedj se réjouit, comme son collègue Malek Boutih, de la liberté de ton de l’ancienne ministre. « J’ai toujours trouvé que c’était bien quand des militants parlaient avec leur cœur et leurs convictions. Elle a dit qu’elle avait une liberté de parole, je ne peux pas le contester à qui que ce soit ». Mais ceux qui n’acceptent pas qu’un ancien ministre, même limogé, joue contre son camp semblent toutefois être plus nombreux. C’est le cas du député PS Olivier Faure. « Delphine Batho a jusqu’ici dit qu’il fallait jouer collectif. Ce serait bien qu’elle s’applique à elle-même ce sage précepte », conseille l’élu. Un autre député estime de Delphine Batho « a fait une connerie avec sa déclaration sur le budget et n'a pas le courage de l'assumer ». Un élu proche de Jean-Marc Ayrault ajoute : « Avec ses déclarations sur le tournant de la rigueur elle nous fragilise le gouvernement. Quant à son histoire sur le manque de dialogue au sein du gouvernement, non mais qu'est-ce qu'elle croyait ? Que c'était le monde des bisounours ? ».
Delphine Batho s'explique sur RMC et BFMTV|||
Vendredi 5 juillet de 8h35 à 9h, Delphine Batho, limogée mardi de son poste de ministre de l'Ecologie, s'expliquera en direct face à Jean-Jacques Bourdin dans Bourdin Direct.
Jean-Jacques Bourdin est en simultané sur RMC Découverte de 6h à 8h30 et sur BFMTV de 8h35 à 9h.