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Logement

Clermont-Ferrand: privés d'hébergement d'urgence, ils dorment dehors

Environ 200 personnes ont dormi dans une église.

Environ 200 personnes ont dormi dans une église. - -

Quelque 200 personnes (des SDF et des demandeurs d'asile), dont une centaine d'enfants, ont passé la nuit dans une église puis dehors alors qu'elles se retrouvaient privées d'hébergement d'urgence pour des raisons financières.

Rentrée des classes particulières, ce mardi matin, pour la centaine d'enfants de Clermont-Ferrand qui a passé la nuit à l'église des Minimes, avant d'être évacués après une alerte incendie. Ils font partie des familles privées d'hébergement d'urgence faute de moyens financiers.

Ces familles ont dû quitter leurs chambres d'hôtel lundi matin, l'association gestionnaire du 115 dans le Puy-de-Dôme, l'ANEF, ayant décidé de ne plus payer les hôteliers assurant cet hébergement, faute de financement suffisant des pouvoirs publics. "Depuis janvier 2013, l'État ne nous a remboursé que 5% environ des 350.000 euros par mois que nous avons engagés pour loger ces personnes", a expliqué Gilles Loubier, le directeur général de l'ANEF.

Le responsable s'est défendu de vouloir faire un coup de force, affirmant que "les services de l'État sont au courant depuis plusieurs mois de la situation".

Une réunion d'urgence

Les personnes concernées, dont beaucoup de demandeurs d'asiles ou de déboutés du droit d'asile, mais aussi des mères seules avec enfant(s), des femmes victimes de violence ou des SDF, se sont donc retrouvées à la rue. Toute la journée de lundi, elles se sont retrouvées sur la place de Jaude avant de s'installer à l'église pour la nuit, indique La Montagne.

Une réunion organisée en préfecture en fin d'après-midi a abouti à la remise en service du 115 "afin de répondre aux demandes d'extrême urgence" et au déblocage de 400.000 euros "pour assurer l'hébergement hôtelier dans les semaines qui viennent", a annoncé la préfecture. Mais selon M. Loubier, "c'est symbolique et on reste dans l'impasse la plus totale. Nous n'avons aucune solution à proposer aux personnes qui appellent".

Hébergement dans les hôtels, très onéreux

Outre l'hébergement d'urgence, sur la base d'une convention avec l'Etat, le conseil général et l'agglomération clermontoise, l'ANEF gère une quinzaine d'établissements et services spécialisés dans la protection de l'enfance et l'insertion, à Clermont, Riom et Vichy.

En trois ans, le nombre de personnes bénéficiant d'un hébergement d'urgence dans des hôtels est passé à Clermont-Ferrand d'une centaine à près de 400, a souligné M. Loubier, déplorant que ce type d'hébergement "extrêmement cher" soit souvent la seule solution pour les personnes prises en charge.

Face à cette "situation critique", la Préfecture assure que l'État a doublé depuis un an le nombre de places qu'il finance, son engagement financier ayant augmenté de plus de 20% à 2,2 millions d'euros de 2012 à 2013 dans le Puy-de-Dôme.

En janvier 2012, un rapport parlementaire, dans la foulée de la Cour des Comptes, avait évalué à environ 70.000 places le déficit du dispositif d'hébergement d'urgence dans le pays, en dépit d'efforts de construction entre 2004 et 2010. Cet été, un collectif réunissant notamment la Fondation Abbé Pierre, le Secours catholique et l'Armée du Salut avait dénoncé un "gros décalage entre le projet de loi" sur le logement qui sera débattu la semaine prochaine à l'Assemblée nationale, et "la situation explosive" en matière d'hébergement d'urgence.

V.D. avec AFP et Igor Sahiri et Sophie Hébrad