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Société

Livret A : Bercy confirme l'abaissement du taux à 1,25%

Si les règles normales avaient été appliquées, le taux aurait dû passer à 1%.

Si les règles normales avaient été appliquées, le taux aurait dû passer à 1%. - -

Ce jeudi, Bercy a confirmé une baisse du taux du Livret A à 1,25%. Pourtant, estiment plusieurs économistes, ce taux devrait être encore plus bas et ne devrait pas faire fuir les épargnants. Il était rémunéré jusque-là à 1,75%.

Ce sera donc 1,25% : comme annoncé par Le Figaro, Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, a confirmé ce jeudi que le taux du Livret A sera révisé à 1,25% au lieu d’1,75% au 1er août. Il s’agit du taux le plus bas depuis août 2009. « La situation de l'économie justifie une telle baisse » a estimé le ministre, expliquant que cette diminution pourrait donner des marges de manœuvre à la Caisse des Dépôts (CDC) pour financer le logement social. « La mesure que nous prenons aujourd'hui vise à soutenir le pouvoir d'achat des catégories populaires », a-t-il ajouté.

Le gouvernement a beaucoup hésité

Il y a une semaine, le journal Les Echos parlait pourtant d'une baisse du taux à 1,5% et manifestement, le gouvernement a beaucoup hésité ces derniers jours. Il a donc tranché en accord avec les ministères de l'Economie et du Logement ainsi que la Caisse des Dépôts pour une baisse modérée. En effet, le taux du Livret A est normalement calculé automatiquement à partir de l'inflation et les taux d'intérêt. Ces deux indicateurs étant très bas actuellement, le Livret A aurait dû rémunérer l'épargne à seulement 1% si la règle avait été strictement appliquée. Car si une rémunération élevée de l'épargne est bonne pour le pouvoir d’achat, elle constitue néanmoins un handicap pour le financement de l'économie en renchérissant les ressources des banques, obligées d'aligner autant que possible les taux de leurs livrets ordinaires, ce qui n'est pas sans conséquence sur le coût du crédit. Le maintien d'un livret A nettement au-dessus de l'inflation est aussi préjudiciable au financement du logement social, dont il est la principale ressource.

« Ça va coûter cher à l’Etat »

Pour Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'école Saint-Cyr, un tel taux n’est pourtant pas si désavantageux que ça. « On est sur une espèce de cote mal taillée mais qui traduit le fait que le gouvernement doit faire des arbitrages. D’un côté, il y a une population qui a l’impression qu’on n’arrête pas de lui augmenter ses impôts, dont le Livret A serait la dernière cerise sur un gâteau où il n’y a pas grand-chose, et d’un autre côté c’est un taux réglementé qui coûte cher », estime-t-il, précisant que les choses pourraient être pires. « Et étant donné la situation de l’inflation, des perspectives de croissance et des taux d’intérêt, 1,25% c'est même un peu élevé. C’est quelque chose qui va coûter de l’argent à l’Etat et au système bancaire ».

« Ça restera un placement attractif »

Et malgré cette baisse, les Français ne devraient pas pour autant bouder leur placement préféré. « Le risque est assez faible », estime en tout cas Olivier Lecompte, professeur de Finances à l'école Centrale à Paris. « Ça restera un placement attractif, car il n’a pas de risque, et parce que sa rémunération, même modique, n’est pas soumise à l’impôt ni aux cotisations sociales. Je ne pense pas qu’il y ait une désépargne importante du Livret A, sachant que de toute façon, il avait bénéficié ces dernières années d’un taux anormalement élevé par rapport à ce que l’on pouvait trouver sur des produits normaux, donc c’est un juste retour des choses. Là on revient à une rémunération normale, c’est plutôt sain sur l’économie ».

Mathias Chaillot avec Fabien Morin