Les SDF meurent trente ans plus tôt que la moyenne de la population

Campement à la porte d'Aubervilliers à Paris, le 10 mai 2019. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Les SDF dont la mort a pu être recensée en 2018 sont en moyenne morts avant l’âge de 50 ans, a annoncé ce mardi octobre le collectif "Les morts dans la rue". "Ils meurent trente ans plus tôt que la moyenne de la population, en été comme en hiver", déplore la coordinatrice du collectif Les morts de la rue, Cécile Rocca. "Ce n’est pas une histoire de saison, mais les conditions de vie à la rue qui sont en cause", a-t-elle ajouté.
En 2018, le collectif, qui recense et analyse les décès des sans-abris en s’aidant des signalements de ses partenaires et des médias, a dénombré 612 personnes mortes dans la rue en France, soit 15% de plus que l’année précédente. Mais "on est très loin de l’exhaustivité", met en garde Cécile Rocca. De précédentes recherches ont ainsi estimé que le nombre réel des SDF morts était six fois plus important que celui recensé par le collectif.
Les femmes meurent encore plus tôt
L’analyse des conditions de ces morts montre la violence de la vie dans la rue: ces SDF sont morts en moyenne à "48,7 ans contre 82,18 ans en population générale", dont 27% des morts sont liées à "des accidents, des agressions ou des suicides" et "36% à des maladies." "Les personnes SDF mortes sont majoritairement des hommes jeunes qui ont vécu de longues années à la rue, et qui ont souffert de maladies, d’addictions et de troubles psychiatriques", relève l’étude.
Le collectif souhaite également attirer l’attention sur les femmes, souvent "invisibles" dans la rue. Elles représentent 9% des décès recensés entre 2013 et 2018, mais ce chiffre est "très probablement sous-estimé". Et l’analyse montre qu’elles meurent encore plus tôt que leurs homologues masculins, à 45,6 ans en moyenne, le plus souvent d’une maladie.
Renforcer la continuité de l'accompagnement social et médical
L'association "Les morts de la rue" réclame des mesures spécifiques: mise à l’abri prioritaire, structures d’hébergement non mixtes, accès aux soins renforcé… Et recommande également de renforcer la continuité de l’accompagnement social et médical de tous, hommes comme femmes. "Certains lieux d’urgence sont devenus des locaux de stabilisation alors qu’ils ne sont pas faits pour ça", déplore Cécile Rocca. "On met à l’abri pendant l’hiver car il fait froid, mais ce qui aide vraiment les personnes, c’est une prise en charge dans la continuité."