"Les harceleurs ont besoin d'aide": le message fort de la mère de Lucas, qui s'est suicidé à 13 ans

"Tout le monde est concerné par ce fléau, tout le monde soit l'a subi, le subit ou le fait subir. C'est une manière pour moi de les aider à sortir de cet engrenage." Séverine Vermard, la mère du jeune Lucas qui s'est suicidé en 2023 à l'âge de 13 ans, est intervenue ce mercredi 8 janvier sur le plateau de BFMTV pour raconter son combat contre le harcèlement scolaire.
Celle qui publie Lucas, symbole malgré lui "ne veut plus" d'enfants qui mettent fin à leur jour, à l'instar de son fils, de Lindsay en mai 2023 ou de Nicolas en septembre 2023.
Séverine Vermard revient sur notre antenne sur l'enfance de fils, jugé "différent aux yeux des autres de par son homosexualité, ses bons résultats scolaires, sa tenue vestimentaire". À l'âge de 11 ans seulement, Lucas lui demande de la suivre dans une pièce où il demande à ce que la lumière soit éteinte.
"Rien n'a été fait"
"Il a peur de mon regard, que je sois dégoûtée, écœurée de ce qu'il va me dire. Et là, il me fait son coming out (annonce volontaire d'une oritentation sexuelle, NDLR), il me dit 'maman je n'aime pas les filles, je préfère les garçons'", confie-t-elle. "J'ai rallumé la lumière et je lui ai dit 'sois heureux mon fils je t'aime, fille ou garçon peu importe, tant que tu es heureux c'est tout ce qui compte", lui répond alors sa mère.
Scolarisé dans les Vosges, Lucas intègre le collège Louis-Armand. "Dès qu'il est arrivé cela a été la descente aux enfers, la destruction de mon fils", témoigne Séverine Vermard, "il se fait insulter à longueur de journées" par "quatre abrutis".
Si la mère de Lucas salue à l'époque le travail du professeur principal, elle déplore que "rien n'a été fait, aucune convocation, aucune sanction" n'ait été prise par l'établissement scolaire, "il n'y a pas eu de table ronde, pas d'explications, pas d'excuses".
Lucas s'est suicidé le 7 janvier 2023 après avoir dit être victime de faits de harcèlement et d'insultes à caractère homophobe commis par des élèves de son collège. Un drame qui a causé un émoi national et fait réagir jusqu'au ministère de l'Éducation nationale qui avait alors annoncé une enquête administrative. Celle-ci a rendu ses conclusions à la mi-décembre 2024 et établi que Lucas a bien été victime de harcèlement "aussi bien dans l'établissement scolaire que sur les réseaux sociaux".
"Il faut prendre en considération les appels au secours des parents", déclare Séverine Vermard sur BFMTV, "je n'ai pas réussi à l'aider correctement (...) le moindre petit changement qui peut paraître anodin il faut l'analyser."
Le harcèlement établi par une enquête administrative
Les conclusions de cette enquête ont été transmis à la justice. Quatre adolescents du collège, poursuivis pour "harcèlement ayant entraîné le suicide", ont été condamnés en première instance, sans toutefois que le lien entre le harcèlement et le suicide de Lucas ne soit retenu. Ils ont ensuite été relaxés en appel mais le parquet et la famille de Lucas se sont pourvus en cassation.
"C'était honteux, ça rigolait, ça regardait les chaussures (...) ça ne les a pas touchés, ils (les adolescents relaxés) ne prennent pas conscience du mal qu'ils ont fait et qu'ils peuvent peut-être faire encore actuellement", se souvient Séverine Vermard sur BFMTV. "Cela a détruit Lucas et une famille tout entière."
La mère de Lucas explique néanmoins que l'ouvrage qu'elle publie ne s'adresse pas seulement aux victimes de harcèlement scolaire et à leurs proches mais à tout le monde, y compris aux harceleurs qui "ont besoin d'aide, on n'harcèle pas pour le plaisir, il y a un mal-être".
"On est là pour les aider, pas pour les pointer du doigt", poursuit-elle sur notre antenne, "il faut leur apprendre à être empathique."
Le 3018: un numéro unique face au harcèlement
Face à une situation de harcèlement scolaire ou de cyberharcèlement, les jeunes, les parents et les professionnels peuvent être accompagnés. Depuis septembre 2023, le 3018 devient la plateforme unique face aux situations de harcèlement à l’école ou en ligne. L'écoute est assurée par des psychologues, des juristes et des spécialistes des outils numériques.