Les grands enjeux de la Conférence environnementale

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Faut-il autoriser les gaz de schiste ? Interdire le diesel en ville ? Augmenter les taxes sur de nombreux produits polluants ? Pendant deux jours, ministres, syndicats, patronat et associations débattent de ces sujets autour de cinq tables rondes thématiques. Mais entre les revendications d’EELV (Europe-Ecologie-Les-Verts) et les demandes des industriels, le clivage est profond. RMC vous propose de découvrir les grands sujets qui animent ces 48 heures pour la planète.
Gaz de schiste
Le débat avait été rouvert par Delphine Batho, la ministre de l’Environnement, qui avait envisagé la possibilité d’exploiter les gaz de schiste en France si on trouvait d’autres méthodes d’exploitation que la très contestée (et polluante) technique de la fracturation hydraulique. Les écologistes et les associations ne veulent pas en entendre parler, mais les industriels y voient une source de gaz massive et à bas prix qui éviterait de devoir importer. Durant cette conférence, le gouvernement va devoir, à défaut de prendre une décision claire, au moins décider de clore une bonne fois pour toute ou non le débat.
Fiscalité environnementale
Avec des caisses de l’Etat toujours plus vides, les pollueurs pourraient être une manne importante pour les collectivités. Le principe du pollueur-payeur pourrait donc être étendu, par exemple en développant le concept du bonus-malus à d’autres secteurs. Europe-Ecologie-Les-Verts pointe du doigt 22 milliards de niches fiscales qui profitent directement à la pollution. Ils souhaitent évidemment les réduire. Pour limiter le gaspillage, une loi de tarification progressive de l’électricité et du gaz, déjà dans les tiroirs, devrait aussi voir le jour. Elle permettra de faire augmenter les prix au fur-et-à mesure de la consommation : peu cher pour les besoins essentiels, et de plus en plus cher pour « le superflus ». Le gouvernement a promis qu’elle serait adaptée à l’isolation thermique et au type de chauffage des logements.
Nucléaire
Il y a ceux qui veulent le voir disparaître, ceux qui (comme Arnaud Montebourg) y voient une « filière d’avenir », et ceux qui pensent qu’il est une étape nécessaire en attendant le développement des énergies renouvelables. Pendant la campagne, François Hollande avait promis de passer de 75 à 50% de nucléaire dans la production électrique d’ici 2025. Point de départ du processus, la conférence environnementale devrait permettre d’ouvrir le grand débat national sur le sujet. Mais pour le moment, seule la centrale de Fessenheim, la plus vieille du parc, doit être arrêtée. Loin d’être suffisant, affirment les écologistes.
Diesel
Grace à une politique fiscale avantageuse, le diesel a été mis en avant pendant des années en France, réputé moins polluant car émettant moins de CO2 que l’essence. Aujourd’hui, 60% des voitures du pays roulent au diesel, pourtant cancérigène : il tuerait 42 000 personnes par an. Les écologistes et certains socialistes proposent d’en limiter l’utilisation en remettant à plat les taxes sur ce carburant, voir même de l’interdire à terme dans les grandes villes. L’Union européenne, qui juge l’air français trop pollué et menace de sanctions, devrait aider à aller dans ce sens.
Energies renouvelables
Pour compenser le nucléaire, il faut bien trouver d’autres sources d’énergie. L’éolien peine à se développer, le photovoltaïque n’a pas trouvé le succès escompté, à tel point que le secteur craint de devoir licencier. Delphine Batho a promis des mesures rapides sans les détailler. Ces 48 heures devraient être l’occasion d’y voir plus clair. Les prix de rachat de l’électricité solaire pourraient être modulés pour éviter qu’ils ne baissent trop. De nouveaux parcs éoliens pourraient aussi être annoncés.
Pesticides, produits chimiques,…
Bisphénol A, phtalates, pesticides… Les produits chimiques nous entourent dans notre quotidien, à nos risques et périls. Si le bisphénol A devrait être prochainement interdit, les associations attendent des lois plus globales qui limitent la présence de ces produits pouvant causer cancer ou stérilité et menacer les générations futures.
Biodiversité
Les défenseurs de la planète partent déjà rassurés sur ce point : il y aura une loi-cadre sur la biodiversité, qui devra être précisée durant la conférence. Une Agence nationale de la biodiversité pourrait aussi être créée. Dans tous les cas, la Stratégie nationale pour la biodiversité, lancée par le gouvernement Fillon en 2011, devrait être mise sur la table pour la rendre plus efficace.