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Société

Le rapport qui veut changer le regard sur la prostitution

Les sénateurs Chantal Jouanno et Jean-Pierre Godefroy présentent jeudi le résultat de neuf mois de travail sur la conditions des prostituées en France.

Les sénateurs Chantal Jouanno et Jean-Pierre Godefroy présentent jeudi le résultat de neuf mois de travail sur la conditions des prostituées en France. - -

En marge de la proposition de loi sur la prostitution, qui doit être débattue à l'Assemblée fin novembre, un rapport rendu public jeudi se penche sur les enjeux sanitaires et sociaux de la prostitution.

Quel est le visage de la prostitution aujourd'hui? Les sénateurs Chantal Jouanno (UDI-UC) et Jean-Pierre Godefroy (PS) se sont penchés sur les enjeux sanitaires et sociaux de la prostitution et ont présenté jeudi la conclusion de leurs travaux. Les sénateurs, dont le rapport a été adopté à l'unanimité en commission, avaient été chargés par la commission des affaires sociales du Sénat de travailler sur la situation sociale des personnes prostituées. Le but du rapport est de "changer le regard" sur la prostitution. Il formule 34 propositions dans ce sens.

Volontairement, le travail des deux députés ne traite pas des questions légales. Loin du débat actuel, donc, qui agite la société et les associations, après qu'une proposition de loi visant à sanctionner par une amende les clients de prostituées et à abroger le délit de racolage public, a été déposée lundi par le groupe socialiste à l'Assemblée.

"Grande vulnérabilité sanitaire"

"Le visage [de la prostitution] a fortement évolué ces vingt dernières années en raison de l’influence grandissante des réseaux de proxénétisme et de traite", relève ainsi le rapport. Jean-Pierre Godefroy, s'exprimant sur Public-Sénat rappelle ainsi que "le sort de 20.000 à 40.000 personnes prostituées dont la grande majorité est esclave de réseaux de traite ne peut laisser indifférent.

Les rapporteurs, qui ont travaillé pendant neuf mois sur le terrain, soulignent "la grande vulnérabilité sanitaire des personnes prostituées, qui se caractérise par un état de santé globalement très préoccupant et un recours aux soins largement insuffisant". Cette situation est d'autant plus exhacerbée que les prostituées sont étrangères et exercent "sous l'emprise de réseaux".

Outre les maladies liées à leur activité, comme les MST, l'exposition au VIH, les troubles gynécologiques, les prostituées sont exposées à des troubles psychiques et aux addictions mais aussi des conditions de vie très précaires.

Le rapport, qui souligne l'urgence à agir, préconise un "accompagnement social global qui permette de leur offrir des alternatives crédibles en termes de garantie de revenus, d’hébergement, de formation professionnelle et de suivi psychologique".

Le modèle italien

Parmi les préconisations que formulent les sénateurs dans leur rapport, figurent l'harmonisation des règles de gestion adadministratives de l’aide médicale de l’Etat (AME), ou encore le développement du recours à la médiation dans les établissements de santé et les services sociaux.

Il s'inspire par ailleurs de ce qui se fait en Italie, en matière d'insertion des victimes de la traite, comme les remises fiscales, des aides financières de soutien à la réinsertion, ou des accès prioritaires à l’hébergement.

Magali Rangin